Laiirna, capitale de l'Alakh'Sun




aiirna est la capitale de l'Alakh'Sun ; elle se trouve au Nord-Ouest de la région dite du Delta, le Dord-Resoe, et est située à l'intérieur des terres. Cela ne doit pas faire illusion : Laiirna est construite dans l'eau ; simplement, au milieu d'une sorte de vaste étang assez peu profond (de huit ou seize entailles à quelques écarts au maximum). Laiirna se dresse donc au milieu d'une étendue aqueuse relativement stagnante et sur un sol mi-sablonneux mi-boueux relativement instable. Cela ne va pas sans poser quelques problèmes importants au quotidien : d'abord, ceux qui sont dus au climat (relativement chaud et humide), à la faune (les insectes notamment), "vecteurs privilégiés de propagation de maladies de toutes sortes" selon le professeur Mhael'Day. En effet, une cité "normale" serait ravagée depuis fort longtemps par des épidémies ; pour se prémunir, Laiirna a en conséquent développé d'une manière importante son secteur sanitaire, en installant dès le départ un système d'égout et d'incinération des cadavres (obligatoire quelle que soit la race ou la religion du cadavre), puis en favorisant les recherches des nombreux alchimistes que l'on y trouve - ainsi les premiers vaccins contre les maladies les plus courantes ont été découverts, selon les estimations les plus récentes, vers la fin du quatrième siècle.
Le deuxième problème le plus important est celui de l'enfoncement de la cité. En effet, Laiirna est bâtie sur un sol a priori peu propice à la construction de vastes édifices - car les fondations s'enfoncent petit à petit dans le sable et la terre qui regorgent d'eau. Laiirna est d'ailleurs construite au milieu d'une étendue d'eau de profondeur plutôt homogène de huit à neuf tailles de profondeur - on ignore d'ailleurs si cette homogénéité du fond est naturelle. Pour éviter l'engloutissement progressif des constructions, plusieurs réponses ont été apportées, dont la principale, car elle couvre tous les bâtiments officiellement autorisés que comporte la cité (donc tout, sauf les logis misérables que certains construisent autour de la ville sur des pilotis), est le recours à la magie : il s'agit tout simplement d'enchanter les matériaux de construction pour éviter la surcharge ; il va sans dire que ces enchantements demandent à être sans cesse renouvelés, et qu'en conséquence l'Université dispose d'un contingent d'une centaine de mages spécialisés dans cette tâche qui sillonnent la ville.
Dans ce cas, pourquoi Laiirna a-t-elle été construite sur ce site ? Pour répondre à cette question, il faut avant tout se replacer dans le contexte historique qui a vu naître Laiirna. Il s'agit d'abord d'une vile de parias, de bannis, qu'ils soient alchimistes, sorciers, mages ou autres : nous sommes au troisième siècle, les répressions sont monnaie courante dans un certain nombre de régions, et les pratiquants des arts magiques se sont réfugiés sur un coin de terre inhabité. Le site de Laiirna a donc été choisi parce qu'il offre une dimension défensive non négligeable : les bandes de terre ferme les plus proches sont situées à plusieurs élans, ce qui laisse l'eau comme seul moyen d'approche ; comme il n'y a pas de ports importants situés sur ces bandes de terre (le port est à Laiirna, on ne trouve à l'extérieur que des docks, du moins dans un premier temps, servant à acheminer vers la cité tous les produits nécessaires) une invasion de Laiirna est suffisamment longue à mettre en oeuvre pour permettre à la résistance des mages de s'organiser. Le professeur ès arts militaires Töch'Yrel estime d'ailleurs dans un article paru dans la Gazette de Laiirna l'année dernière que "à notre époque, Laiirna est virtuellement imprenable, même si nous faisons abstraction des défenses extérieures (les forteresses du Marais et des Steppes), dans la mesure où la concentration de mages et également d'anciens soldats (de nombreux citoyens, soit un nombre estimé à plus de 40% de la population de plus de quinze ans) est immense, ce qui permettrait en cas d'invasion de riposter dès le début des hostilités, en écrasant l'ennemi avant même que celui-ci n'ait pu entamer la construction du ou des ports qui lui serviraient de bases logistiques d'attaque."
L'aspect militaire est à notre avis primordial. D'autres ont évoqué, non sans une certaine pertinence, le souci de se placer au centre relatif du pays, avec un certain éloignement par rapport aux steppes (zone peu attractive économiquement, dont la proximité n'aurait rien apporté à la capitale), une faible distance par rapport au Marais (ce qui permet de réduire le temps de déplacement des troupes en cas de conflit violent avec les barbares) et surtout une implantation en plein coeur du Delta, qui est le lieu privilégié de production des denrées alimentaires et des herbes diverses destinées à l'Université. Il faut d'ailleurs noter que tout fait sens dans le choix du site : le plateau rocheux sur lequel est bâtie l'Université, seule zone stable du site - et zone totalement incongrue à cet endroit, à tel point que certains pensent qu'il s'agit de vestiges anciens d'une civilisation antique que nous n'avons pas encore identifiée (les hypothèses les plus récentes penchent vers les Dragons d'Obsidienne, d'autant que ce plateau est un catalyseur d'énergie magique formidable, comme cela a été mis en évidence en 718 par le grand Mage Cair'Leür) - mais aussi l'éloignement par rapport à la mer, afin d'éviter toute invasion maritime à une époque où de nombreux pays n'auraient pas hésité à lancer des croisades contre tous ces mages... C'est bien dans un site répondant à des exigences criantes que s'est développée Laiirna.
Voici maintenant le moment d'évoquer l'architecture de la ville ainsi que son organisation. Laiirna est une ville sans réel équivalent sur tout Oneira dans la mesure où elle est bâtie sur l'eau - du moins le coeur de la cité, mais nous renvoyons sur ce point aux cartes que chacun peut se procurer aisément - et repose sur un sol faiblement immergé (de huit à neuf tailles en moyenne). Les maisons (on entend maison au sens large : toute construction abritant des habitants de la cité) sont donc construites sur de grands pieux de pierre, taillés sur les bandes de terre alentours et acheminés en barge puis magiquement enchantés pour ne plus rien peser. Là-dessus est bâtie la maison, elle-même enchantée de la même sorte. Les maisons se collent, mais il y a nécessairement des espaces vides de construction, dont les autorités ont très rapidement vu l'intérêt (dès les premières années) : l'expansion de la cité s'est faite en établissant en parallèle un réseau de routes (réservées exclusivement aux piétons, ou aux chaises à porteurs) et un réseau de canaux sur lesquels voguent de petites barques, des barges, voire, pour les mages les plus importants, des embarcations particulières, etc. Les embarcations à coque profonde sont interdites dans Laiirna - elles ne passeraient pas, de toute manière - ainsi que celles dont la largeur excède la largeur moyenne d'un petit canal, afin d'éviter de bloquer le réseau. Il n'est pas rare de trouver des demeures qui n'ont pas d'ouverture sur un chemin, mais qui donnent seulement sur un canal : c'est un signe de puissance. Pour passer d'un pâté à un autre, il y a bien entendu de nombreux petits ponts bossus qui enjambent l'eau paisible.
La ville s'est développée autour de son centre historique, l'Université. Celle-ci se trouve par conséquent au coeur de la ville, sur un plateau rocheux (nous l'avons déjà évoqué). Autour, on trouvait auparavant un certain nombre de bâtiments en rapport avec l'Université (bibliothèques, marchés aux herbes, échoppes d'alchimistes, magasins d'ingrédients de toutes sortes, artisans verriers, cercles de mages, etc.) ; mais après les ravages causés par le tremblement de terre de 986 qui a détruit la bibliothèque, le quartier a été totalement remodelé. Les bâtiments indispensables pour l'Université (les cercles, les centres de documentation) ont été transférés dans des espaces insérés magiquement à l'intérieur de l'Université, les autres ont été déplacés dans le quartier marchand. L'espace qui entoure l'Université est aujourd'hui en voie de reconstruction, avec un mouvement de construction de somptueuses demeures par les mages, sorciers, alchimistes et universitaires de tous crins les plus puissants de tout Oneira - il est du dernier chic de posséder sa demeure à proximité d'un lieu dans lequel on a étudié, voire où l'on enseigne. Ce mouvement de construction a pris toute son ampleur après la fin de la Guerre des Clans.
En schématisant - pour une étude plus poussée, nous vous renvoyons à l'excellent ouvrage du professeur Hett'�hnen dans l'ouvrage Laiirna, ville aux mille facettes - on distingue autour de ce centre une strate urbaine constituée de petits immeubles d'habitation, de deux ou trois étages, abritant tout au plus cinq familles ; le rez-de-chaussée est souvent occupé par un commerçant (herboriste, guérisseur, mais aussi épicier) ou par un artisan, quel qu'il soit. Notons qu'il est impossible de distinguer une couche pauvre d'une couche plus aisée dans la mesure où il y a peu de disparités sociales, compte tenu du fonctionnement économique du système, assurant une redistribution des richesses tendant vers une égalité. Seuls les marchands étrangers et certains habitants de l'Alakh'Sun se distinguent des autres, mais cela concerne une minorité de la population ; en outre, ils habitent généralement dans les mêmes quartiers : leur habitat se différencie peu des autres, si ce n'est qu'ils ont souvent un immeuble à eux seuls, et qu'il est plus orné - l'art et l'architecture tiennent une grande place à Laiirna, car on juge souvent un famille puissante à la beauté, intérieure et extérieure, de sa demeure. C'est dans ce quartier que l'on trouve également la plupart des pensions d'étudiants, et même beaucoup de résidences de mages pas assez influents pour s'installer dans une belle demeure proche de l'Université.
Il existe ensuite différentes zones, que, par souci de simplification, nous présenterons comme trois grands ensembles. Le premier ensemble se trouve à l'Est de la ville ; il est composé de docks, d'entrepôts et surtout d'un port gigantesque ne donnant pas sur un fleuve ou sur la mer. Ce port constitue la seule voie d'approvisionnement de Laiirna : chaque jour, des centaines de tonnes de marchandises transitent par là pour être ensuite vendues dans les magasins et marchés de la cité. Il est également la seule voie d'accès à la ville, si l'on met à part les moyens magiques. Compte tenu de sa profondeur, seules des barges à fond plat sont admises dans ce port - d'autres embarcations ne pourraient pas naviguer, de toute façon. Cette zone de la cité est particulièrement active, et entretient des liens étroits avec les deux autres zones en marge de la cité proprement dite.
La deuxième zone se trouve au Sud ; elle se démarque bien peu du port et de la zone des entrepôts. On y trouve des immeubles de trois à quatre étages, plus misérables en un sens que les habitations du centre ; la population qui les peuple est en effet fort différente. Il s'agit de catégories marginales de la population : mendiants, filles de joie, mercenaires, etc. Une large partie de cette population a déjà eu affaire à la justice de l'Alakh'Sun et s'est vue interdire (ou a été privée) de la citoyenneté. C'est dans ce quartier que résideraient, disent les rumeurs, les guildes de voleurs, mais aussi des cercles de mages aux pratiques sombres. Beaucoup d'immeubles sont des tavernes, des auberges mal famées, des maisons closes, mais on y trouve aussi beaucoup d'immeubles traditionnels, avec en bas des petits commerces - pour le coup, on trouve vraiment de tout dans ce quartier, même des articles de contrebande, sur laquelle l'Université ferme souvent les yeux - et au-dessus des appartements (de dix à vingt par immeubles) assez miteux, loués aux marins, aux dockers, à des individus peu recommandables ou à des aventuriers de passage. Il faut distinguer ce quartier, dont les bâtiments sont enchantés car l'Université reconnaît qu'il fait partie intégrante de la ville, des logements misérables construits en marge de la cité à certains endroits, que l'Université cherche à éliminer en relogeant les habitants dans des bâtiments officiels. Mais la place vient à manquer en ce moment, malgré un grand mouvement de construction, et une expansion de la ville qui explose ces dernières années (la ville a dépassé les 90 000 habitants !).
La troisième zone particulière de Laiirna est le quartier étranger. Il ne s'agit pas, cela va sans dire, de ghettos de population - de telles accusations sont ridicules dans la mesure où Laiirna est la cité cosmopolite par excellence, qui n'a guère d'équivalent qu'en Illéranyne. Dans ce quartier se trouvent les ambassades et les comptoirs commerciaux étrangers les plus importants où l'on peut se procurer toutes les denrées qui ne sont pas produites en Alakh'Sun, et elles sont nombreuses : il s'agit surtout d'articles de luxe, comme des vins, des alcools, des bijoux, des nourritures rares, des tissus fins, etc. ; peu d'articles à caractère magique sont vendus ici. Ce quartier est très luxueux, et la plupart des riches étrangers y résident - seuls les étrangers qui vivent en permanence en Alakh'Sun s'établissent au centre de la ville - par conséquent on trouve là beaucoup d'établissements de divertissements huppés (maisons closes raffinées, thermes, théâtres, salles de jeu, etc.). Ce quartier est, la nuit, le centre de Laiirna, où l'on retrouve une bonne part de la jeunesse citadine.
Au niveau de l'architecture proprement dite, il faut bien dire ce qui est : Laiirna est une sorte de paradis architectural - tous les styles, toutes les époques, toutes les civilisations, tous les matériaux, toutes les décorations, etc. Ceci découle naturellement du fait que Laiirna est la ville cosmopolite par excellence, rassemblant des personnes de toutes les races et de tous les horizons. Pour autant, il y a quelques grands traits que l'on peut dresser, en gardant à l'esprit que la réalité est beaucoup plus nuancée. La grande majorité des habitations, surtout dans ce que nous avons appelé la deuxième strate, est bâtie sur un modèle relativement uniforme : immeuble de trois ou quatre étages (la taille des étages peut varier en fonction de la race qui a fait bâtir l'immeuble : humains, badilim, minotaures...), en pierre ou en brique, avec une couverture externe d'une substance artisanale agrémentée de certains produits d'alchimistes qui rendent l'habitation totalement imperméable - ce qui est essentiel dans cette ville où l'eau est somme toute maîtresse. Les toits sont plus variés : tuiles, ardoises, ou autres. Une constante est l'utilisation quasiment nulle des matériaux inflammables, dans la mesure où un incendie pourrait avoir des conséquences dramatiques dans une ville où le bois reste très présent (hormis comme matériau de construction) étant donné qu'il est un des rares matériaux durs flottant sur l'eau sans avoir été enchanté. A l'intérieur de cet immeuble standard, des appartements relativement grands, occupant la plupart du temps tout un étage ; l'escalier qui mène aux étages est souvent externe, creusé dans le mur.
L'architecture des demeures proches de l'Université est bien entendu infiniment plus variée, d'autant que les commanditaires entendent rivaliser de beauté et de finesse, et présenter la demeure la plus achevée possible, mais on observe une dominance de jaunes, de beiges, de mauves, de bleus, on apprécie les coupoles en verre, les ponts vertigineux et les tours octogonales, notamment pour les demeures des mages. Ainsi sont privilégiés les grands architectes, classiques et plus avant-gardistes, membres ou non de l'Université d'ailleurs (certains, comme le mage Nahan-Cin, ont ainsi fait appel à de grands architectes de l'autre bout d'Oneira). On observe deux tendances à peu près opposées : l'une d'entre elles préconise l'emploi de matériaux précieux - murs en pierre lisse, charpente en bois rares, ornements en or, argent et minerais d'orfèvrerie, velours et soie, etc. - alors que l'autre recherche plutôt la perfection dans l'ornementation en employant des matériaux grossiers - pierre brute sans rien de plus - mais en faisant appel à de grands sculpteurs qui se chargent de ciseler la pierre avec une finesse sans équivalent. On trouve vraiment de tout dans ces palais, de l'architecture classique à l'architecture cultuelle, en passant par l'architecture magique - un type spécifique à Laiirna, fréquemment employé aux huitième et neuvième siècles, qui consiste à ne pas toucher aux matériaux mais à produire tous les ornements par des sortilèges juxtaposés.
Une des spécificités de Laiirna est son système d'égouts, indispensable pour éviter la pollution des eaux et par là la détérioration de l'hygiène de la cité, à laquelle l'Université apporte un soin constant. Ce système a été relativement difficile à mettre en place, d'autant qu'il ne peut être creusé dans un sol ferme. C'est grâce à une invention des alchimistes au cinquième siècle que le système a réellement vu le jour : ils ont fabriqué, en composant certains métaux et certaines essences naturelles, un corps légèrement souple (et non rigide comme les matériaux des anciens tuyaux), résistant aux pressions fortes comme aux températures extrêmes, qui ne se briserait pas dans les sols de Laiirna. Le système fonctionne parfaitement depuis cette époque, sans modifications structurelles de grande ampleur, et sans variation majeure des matériaux utilisés. Les tuyaux se trouvent en sous-sol, et remontent dans les maisons par l'intérieur d'un des piliers qui soutiennent la maison ; les planchers contiennent à leur tour un certain nombre de tuyaux. Le tout est transféré par d'immenses tuyaux vers de grands espaces émergés qui servent en quelque sorte de terrains de décomposition des déchets et de production d'engrais naturels qui sont laissés à la libre disposition des paysans. Notons que les mages, sorciers et alchimistes disposent chez eux d'un système individuel spécial pour leurs déchets spécifiques, qui sont totalement calcinés.
Laiirna est la capitale de l'Alakh'Sun. Toutefois, il faut prendre garde à ne pas se borner à cette définition : en raison du caractère très particulier du pays, sa capitale ne ressemble à aucune autre - le système est bien trop différent. En plus d'être la capitale politique, Laiirna est aussi le centre décisionnel, économique, culturel, diplomatique, éducatif, industriel, etc. Absolument tous les échanges commerciaux qui mettent en jeu à un niveau supérieur au niveau microéconomique (vente au détail) se négocient à Laiirna, pour la raison très simple que c'est l'Université qui rachète aux producteurs les productions et qui se charge ensuite de les vendre. Cela fait de Laiirna un centre de stockage également très important, même si un grand nombre de produits sont acheminés directement vers Mekhoren (le seul port du pays) en même temps que l'Université leur cherche un acquéreur sur la scène internationale. La capacité de stockage de Laiirna est équivalente à plusieurs milliers de tonnes de denrées périssables, et à autant pour les denrées non périssables ; en sus, on dénombre de nombreux entrepôts consacrés uniquement aux denrées de luxe (moins nombreux). Et il faut rajouter la capacité propre des marchands étrangers...
Laiirna est aussi le lieu de la concentration industrielle ; il y a, bien entendu, des industries ailleurs dans le pays - Ulua'k a le monopole de la parfumerie, par exemple - mais en nombre extrêmement réduit. Les bandes de terre du Delta qui font partie de la capitale sont couvertes d'industries de toutes sorte - et, cela va sans dire, de ports, de docks, d'entrepôts. Pour ne citer que les industries les plus importantes, citons le textile (dont les matières premières sont importées ou bien produites en Alakh'Sun), les industries de conservation (afin de permettre l'exportation de certaines denrées alimentaires), l'industrie dite "du Grimoire" (fabrication de papier, parchemins, etc.), la verrerie, l'industrie alchimique (production semi-industrielle, semi-artisanale, avec un alchimiste par groupe de cinq personnes), etc. On trouve en sus de nombreux artisans de toutes les obédiences à l'intérieur de la cité, qui travaillent souvent sur des matériaux importés. En aucun cas le système de l'Alakh'Sun ne pourrait se passer des autres pays et vivre en autarcie ; c'est ce qui explique en partie l'intérêt que l'Université porte à Illéranyne.
Laiirna est en outre le centre vital du système politique (et par là militaire, dans la mesure où l'armée est totalement dépendante de l'administration civile et totalement dévouée). C'est l'Université qui dépêche des émissaires dans toutes les régions de l'Alakh'Sun afin de travailler en partenariat avec les autorités locales, c'est elle qui s'occupe de la protection médicale et magique du territoire - les mages de quartier. Si les territoires locaux sont capables de se gouverner seuls en élisant ses représentants, tout ce qui relève du domaine national (répartition des aides financières, militaires, achat et vente de produits, système éducatif, culturel, voirie, etc.) dépend directement de l'Université et de ses administrations, toutes centralisées à Laiirna, ce qui explique le nombre extrêmement élevé de bureaucrates dans la capitale - alors qu'il est très faible ailleurs. Laiirna agit en quelque sorte comme le coordinateur d'une fédération en même temps que comme le point névralgique d'un système centralisé - et cumule les effets positifs des deux systèmes en minimisant les effets négatifs.
Laiirna a d'ailleurs toujours eu une telle importance, puisque l'Alakh'Sun s'est organisé dès le quatrième siècle en fonction de la défense de la cité. Et puis, c'est à Laiirna que se trouvait l'Université, qui est le coeur du pays, et le coeur historique, puisque c'est lorsque les mages émigrèrent en Alakh'Sun que le pays se constitua. Cette place centrale a eu pour effet de placer la ville en situation de démesure : dans un pays où le réseau urbain est relativement peu dense, Laiirna est une ville hyper-peuplée, et est une des plus grandes cités d'Oneira - on observe une contradiction entre un pays encore très rural et une métropole hypertrophiée. En plus, l'écart (démographique, économique, etc.) entre Laiirna et les cités suivantes est immense dès le départ et se creuse de plus en plus à l'époque actuelle avec la multiplication des échanges internationaux depuis la création d'Illéranyne. La démesure de Laiirna, pourtant, n'a jamais été un problème. Notons que les conditions naturelles y sont pour beaucoup : depuis la fondation de Laiirna, la ville n'a encore jamais subi d'inondation - il est vrai que de puissants enchantements protègent la cité, mais il n'est pas certain qu'ils soient suffisants en cas de crise - ou de destructions importantes, sinon lors du tremblement de terre de 986. Ce séisme a d'ailleurs eu des conséquences importantes, dramatiques parfois (la moitié des morts sur l'ensemble du pays l'ont été à Laiirna), lourdes sur le plan économique, mais n'a pas paralysé le pays dans la mesure où les protections magiques de l'Université se sont révélées efficaces.
Concluons cette rapide présentation de la cité par une évocation des lieux de loisirs, des centres culturels et des monuments, dont Laiirna est particulièrement riche. Le bâtiment qui est l'objet des convoitises de tous les voyageurs et visiteurs est bien entendu l'Université ; beaucoup en sont déçus cependant, car seuls les mages, les sorciers, les alchimistes, les professeurs ou des invités divers (notamment pour des réunions, des colloques) peuvent visiter tout le bâtiment - et encore la présence d'un universitaire est-elle nécessaire, dans la mesure où l'Université est traîtresse et que l'on risque de s'y perdre facilement. Les amateurs d'architecture préfèreront le quartier des demeures à l'Université, qui est un miracle d'architecture magique, mais est assez homogène. Les visiteurs de passage désireux de voir Laiirna sous un jour habituel peuvent se rendre aux Halles, sorte de marché permanent où la moitié de la ville va s'approvisionner au moins une fois tous les dix jours - on y trouve de tout, et même du reste, dit un proverbe. Les promenades en gondole au crépuscule sont très prisées. Les différents temples que l'on trouve dans la ville sont également très fréquentés. Pour renforcer le caractère poétique indéniable de la ville, on y trouve de nombreux jardins dont certains n'ouvrent que la nuit ; ces jardins publics qu'entretiennent des nuées de jardiniers renferment de véritables trésors botaniques - il dépendent d'ailleurs du département d'Herboristerie de l'Université. Une curiosité est la Kymarini, qui se trouve dans le quartier des ambassades ; c'est là que se nouent un grand nombre de transactions, dans une atmosphère très échauffée ; cette demeure renferme un jardin très vaste où seuls peuvent entrer les plus grands marchands et les hauts représentants de l'Université (en fait, c'est là que se nouent les alliances diplomatiques, plus que dans les bureaux). Quant aux lieux de fête, le meilleur est bien entendu l'Université, mais les réceptions sont avant tout destinées aux élèves, professeurs et anciens élèves de l'Université. Il est rare qu'une nuit se passe sans quelque grand dîner dans une des demeures qui s'étendent autour de l'Université ; sinon, le quartier des ambassades est très animé, et le quartier mal-famé passe pour offrir à qui peut payer et sait survivre, la nuit tombée, tous les plaisirs que l'on peut désirer.
Rappelons qu'aucun travail universitaire sur Laiirna ne saurait remplacer une visite en chair et en os. La cité vaut le détour.

Pour une présentation générale de Laiirna, 1043,
par le professeur émérite Mahan'Nhi à l'Université de Laiirna.