Description générale de Per'Dellin




n appelle souvent le pays de Per'Dellin ul'ar'laena, en référence à ses paysages à couper le souffle et à ses couchers de soleil sans autre pareil en Oneira. Ce territoire d'assez petite taille, pris entre les vastes pays de l'Ark'Kaena, de l'Ar'Mirë'Ys et de l'Ar'Kalyven, est en fait constitué d'un immense plateau de relativement faible altitude en moyenne, s'élevant vers l'Est à la naissance du massif de Taanan, parcouru par un large fleuve dont l'immense delta irrigue plus de la moitié du territoire. Le paysage de Per'Dellin se compose essentiellement de large gorges bordées de falaises douces d'où s'écoulent des centaines de chutes d'eau, de landes paisibles parsemées de lacs, de bois aérés où les arbres à fleurs, plantés par les premiers habitants du pays, s'épanouissent encore. C'est essentiellement le mélange des trois pierres (la kahrsareg, orange, la kahrsed de l'Ark'Kaena, gris pâle, et la kahrdes de l'Ar'Kalyven, gris foncé) qui donnent aux paysages delliens toute leur splendeur et leur nuance.
On ne sait pas grand chose de l'histoire ancienne de Per'Dellin, notamment en ce qui concerne la période antérieure à l'an 0. Les premières traces de son histoire remontent aux alentours de l'an 200. L'Ar'Mirë'Ys présentait alors un visage presque semblable à celui d'aujourd'hui, abritant, au sol, les dresseurs et leurs créatures. En l'an 210 eut alors lieu la première, et peut-être la plus violente des invasions de l'Ar'Lumn, invasion qui poussa les dresseurs à la fuite. Une partie d'entre eux se retrancha dans le pays alors désert de Tor-Keralm, tandis que les autres trouvèrent refuge en Per'Dellin. On ne peut considérer que les miréens s'installèrent vraiment, dans la mesure où ils ne bâtirent aucune cité d'envergure, mais se contentèrent d'abris légers dans les forêts du pays, demeurant parfois même nomades, et ce jusqu'en l'an 324, année durant laquelle eut lieu la terrible inondation de l'Ark'Kaena. Les fidèles du Chaos originaires de ce pays se scindèrent alors en deux groupes : une moitié choisit de demeurer en Ark'Kaena, tandis que l'autre partie se retrancha "au sec" sur le plateau de Per'Dellin. Les premiers delliens, eux-mêmes réfugiés, accueillirent à bras ouverts cette population nouvelle. Reconnaissants pour cet accueil, les adeptes du Chaos firent ce qu'ils font de mieux, à savoir jouer sur leurs capacités d'adaptation pour ne pas heurter leurs prédécesseurs et pour parvenir à une complète intégration qui occasionna un unique mélange des cultures du Chaos et de la Nature, au point que le peuple constitué fit de l'ancien plateau désert de Per'Dellin la nation du même nom, en l'an 445.
Si aujourd'hui les membres du Chaos sont largement majoritaires en Per'Dellin, leur culte est pourtant dans les faits assez éloigné du culte originel encore honoré en Ark'Kaena. En effet, les delliens ont teinté leur culture de celle issue d'Ar'Mirë'Ys, développant un réel respect pour la nature et ses créations. L'architecture du pays en est un excellent exemple : aucun élément naturel important n'est détruit à l'occasion de la construction des maisons, qui contourneront ou entoureront, par exemple, les arbres. Ce respect des delliens pour la nature s'est étendu à l'existant en général, y compris en ville : chaque nouvelle construction tient compte de ses voisines, en épousant les formes, aussi farfelues soient-elles. Pourtant, la fantaisie propre aux adeptes du Chaos a largement cours en Per'Dellin, et s'il existe une réelle unité quant aux matériaux (constructions en kahrsareg essentiellement), et aux savoir-faire, il n'en existe aucune en matière d'idées nouvelles. Il n'est donc pas rare d'observer d'extraordinaires rajouts aux demeures delliennes, en hauteur comme en surface. Aucune ville dellienne n'a jamais joui d'une réelle réflexion organisationnelle, mais l'effort constant d'intégration et d'adaptation en ont fait des lieux chaleureux, aux rues sinueuses et à l'aspect tortueux, mais dont l'unité globale reste très impressionnante. Ailleurs en Oneira, on parlera des villes delliennes en les nommant "villes sauvages", car les adeptes de la Nature alliés à ceux du Chaos rendent les villes débordantes d'un mouvement où se mêlent également animaux de toutes sortes, dressés ou à demi sauvages, sans être farouches pour autant.
Le culte du Chaos a très largement influencé le peuple de Per'Dellin, le rendant foncièrement optimiste et résolument opportuniste. Adaptables par apprentissage, il en faut beaucoup pour déstabiliser les delliens, et cette situation ne dure généralement pas longtemps. En réalité, les delliens surprennent bien davantage qu'ils ne sont surpris. Dès leur plus jeune âge, les enfants sont habitués à ce mode de pensée et d'action. Chaque dellien reste définitivement convaincu qu'il existe une solution à chaque problème, et de conviction alliée à une grande ardeur à la tâche est né un peuple très difficile à tenir en échec. La grande force des delliens reste leur capacité à s'adapter à toutes les situations. Conscients de cette force, ils n'hésitent pas eux-mêmes à déstabiliser les systèmes (économiques, politiques ou autres), même internationaux, pour les remplacer par d'autres qui leur seront plus favorables car ils auront été les premiers à réagir et s'adapter. Au fil du temps, Per'Dellin est ainsi devenu un pays qui compte en matière de diplomate et de commerce, mais cette place tient également à sa position géographique importante, car le pays constitue l'une des plus importantes portes d'entrée de la péninsule nord-est et notamment de l'Ar'Kalyven. Ainsi, Per'Dellin est devenu un pays dynamique d'échange de personnes et de biens. Le pays, en constante évolution, se nourrit littéralement de ce mouvement.
Les delliens sont réputés en Oneira pour être de redoutables marchandeurs. Leur force tient au fait qu'ils sont là encore capables de comportements très surprenants, et qu'ils n'hésitent pas à déroger aux lois de l'économie. La plupart des pays d'Oneira, notamment les plus fragiles économiquement, hésitent à traiter avec Per'Dellin, mais les delliens savent rester équitables malgré tout et demeurent des acteurs commerciaux incontournables, leurs exportations étant uniques et d'une grande qualité (on citera notamment leurs étoffes aux motifs colorés très recherchés en Oneira, mais aussi (et surtout !) les productions nombreuses d'artefacts simples et très diversifiés, allant du simple chaudron-touilleur aux fioles capables de recueillir les rayons de lune).
Un dernier mot sur la magie, importante en Per'Dellin, fait tenant probablement aux premiers habitants du pays, originaires des forêts d'Ar'Mirë'Ys, et par conséquent très attachés aux petits peuples magiques relativement nombreux dans les bois du sud du pays. La plupart des delliens manifestent de petits dons pour la magie et n'hésitent pas à les exploiter.

Extrait des Chroniques géographiques, par Gwanys, Illéranyne.