Histoire du Culte du Passé




e culte du Passé est issu de l'éclatement en trois branches du culte du Temps au cours des premiers siècles après la guerre de l'An 0. Le culte du Temps, peu vivace après la catastrophe, connaît une renaissance au cours du troisième siècle lors de "l'�ge des Prophètes", au moment où des prêtres du culte du Temps commencent à développer des visions différentes et largement contradictoires de ce qu'est le Temps et, par là, de ce que devrait être le culte. La plupart des débats de cette époque sont perdus, aucune trace n'ayant été conservé la plupart du temps : il est donc difficile de savoir comment l'éclatement du culte du Temps s'est déroulé.
Il est certain, dans tous les cas, que la division du culte ait été actée lors d'un concile général du culte du Temps, réuni à Kaltera, capitale de l'Ar'Kalyven, en 337. Ce concile avait été convoqué par la reine, qui cherchait à mettre fin à des querelles qui empoisonnaient la vie publique et du même coup mettaient en péril l'unité du pays et l'autorité royale. Manifestement, la reine désirait alors trouver un moyen de réunifier le culte du Temps mais échoue ; trop de divergences et de rancoeurs s'étaient en effet accumulées. Le concile se conclut donc par la reconnaissance de trois cultes distincts, basés chacun sur l'une des trois facettes du Temps : Passé, Présent, Futur.
Le concile réaffirme l'unité de l'Ar'Kalyven et s'achève sur une victoire relative du culte du Passé, auquel adhère la famille royale - le culte du Passé reste aujourd'hui encore la religion des reines d'Ar'Kalyven. Le culte du Passé s'appuie immédiatement sur cette conversion pour revendiquer la prééminence parmi les trois cultes du Temps. Mais les cultes du Présent et du Futur refusent la primauté au culte du Passé et en viennent à contester de plus en plus vivement l'autorité d'une reine affiliée à un culte qu'ils dénigrent. Dans le même temps, les adeptes de ces deux cultes commencent à quitter les régions les mieux contrôlées par l'autorité royale, épaulée par les prêtres du Passé, et partent vers l'est du pays, plus sauvage alors que le bassin de la Kalymen.
Les prétentions du culte du Passé éclatent au grand jour avec la montée sur le trône en 410 de la reine Versane, qui avait reçu une éducation très traditionaliste. La nouvelle reine est favorable à la réunification des trois cultes sous l'égide du culte du Passé, avec ou sans l'assentiment des autres cultes, et elle ne l'a jamais caché : aussi seuls les dignitaires du culte du Passé assistent-ils à son couronnement. La décennie suivante, connue sous le nom de Décennie des Trois Royaumes, démontre qu'une union forcée entre les trois cultes n'est plus une possibilité : en ce sens, le culte du Passé connaît un réel revers.
C'est pourtant après le Concile de 420, réuni à Kalenir à la demande de la jeune reine Parsane, que le culte du Passé va enfin commencer à se structurer et à se doter de ses principes et de ses modes de fonctionnement. Obligé de renoncer à ses prétentions - ou du moins, de les mettre en attente - le culte du Passé peut entamer sa fixation et devenir un culte dans tous les sens du terme. Bien entendu, cette évolution ne se fait pas sans résistance de la part des plus traditionalistes au sein du culte, qui prônent la continuation de la politique de Versane. Peu écoutée, cette faction est marginalisée pour plusieurs siècles. Le ressentiment du culte est plus diffus et plus généralisé : la politique de Parsane est vécue comme une rupture avec la tradition. De nos jours, cette reine est considérée comme une héroïne du culte du Passé, mais elle a, au moins au début de son règne, été peu aimée.
Le Concile de 420 acte la division du pays en trois régions, chacune attachée à un des trois cultes. Le culte du Passé conserve le bassin de la Kalymen, qui contient la capitale Kaltera ; la région est appelée le Dord-Kalymen. Région occupée depuis l'an 0, elle est alors la mieux organisée ; mais déjà le bassin de la Kalyleg commence à concurrencer le bassin de la Kalymen. En acceptant la division du pays, le Concile de 420 a en réalité reconnu l'impossibilité de réunifier les cultes du Temps ; il a toutefois fixé un cadre de discussion entre les cultes, afin de maintenir un vague sentiment d'appartenance commune. Le principe de synodes décennaux, réunissant tous les dix ans les principaux dignitaires des trois cultes, est accepté.
La suite du règne de Parsane est assez faste pour le culte du Passé, si l'on fait abstraction des difficultés engendrées par la guerre contre l'Ar'Lumn entre 446 et 457, qui désorganise le Dord-Kalymen et le culte du Passé dans une bonne partie du bassin de la Kalymen. Parsane mène avant tout une politique de structuration du culte : elle lui donne des objectifs, des moyens et une hiérarchie.
Dès 421, Parsane impulse la création du Grand Livre du Passé, qui doit recenser tout ce qui mérite d'être retenu des événements passés. Pour le culte du Passé, l'écriture du Grand Livre devient rapidement le coeur de l'activité d'une fraction grandissante des membres du clergé, puis leur raison d'être à partir de 428. Le Grand Livre est élaboré à partir de rapports annuels écrits par les prêtres de chaque village ou de chaque quartier, envoyés à Messevine et compilés. Il est ensuite écrit en deux exemplaires, l'un étant conservé à Messevine, l'autre à Kaltera (d'autres exemplaires existent de nos jours). En 428, Parsane pousse à la constitution d'un ordre de prêtres spécifique, les Chronomanciens, dont le rôle est explicitement de préserver la mémoire du passé en se consacrant à la rédaction du Grand Livre du Passé. Leur siège est construit au cours du règne à Messevine.
La reine et les hauts dignitaires du culte qui la conseillent impulsent également la création d'une grande université afin de mieux former les prêtres du Dord-Kalymen et de leur permettre de mieux encadrer la population mais aussi de diffuser les bonnes conceptions cultuelles, qui demeuraient largement méconnues à cette date. L'université est construite à Messevine, avec un arrêt dû à la guerre contre l'Ar'Lumn (les ressources financières ayant été détournées vers des usages plus pressants).
Enfin la réorganisation du culte prend l'aspect d'une hiérarchisation et d'une redéfinition plus claire du rôle du clergé dans la société. Si le poste de Chevalier des Temps Anciens existait auparavant - sans doute depuis le Concile de 337, bien que cela ne puisse être établi avec certitude - ce n'est que durant le règne de Parsane que la procédure de son élection est fixée, avec l'apparition des Kalylingen. Ces chefs du culte se voient seconder par toute une succession de prêtres de rang supérieur (kan'esote, kan'da...) et l'organisation interne des temples est également revue, avec une spécialisation des rôles. La hiérarchie du culte est complexe, avec une organisation régionale mais aussi des temples majeurs indépendants de ces régions, et l'existence d'un ordre parallèle (les Chronomanciens) ne dépendant que de lui-même. La place de la souveraine dans le culte n'est pas définie avec précision, sans doute parce que Parsane n'entendait pas se voir retirer la direction du culte. Cela explique que ses lointaines successeuses aient perdu tout pouvoir au sein du culte à la fin du IXe siècle, alors que des fonctions claires auraient empêché les hauts dignitaires du clergé de traiter les souveraines comme de simples figurantes.
C'est donc au cours de la première moitié du Ve siècle, sous la reine Parsane, que les grandes lignes du culte sont mises en place. Ce règne est resté dans la mémoire des fidèles du Passé comme fondateur. Il a aussi été particulièrement autoritaire, marqué par l'ingérence du pouvoir temporel dans les affaires du culte : à cet égard, le règne de la reine Hersdane est très proche.

es siècles suivants sont marqués par la poursuite des objectifs de Parsane dans de nombreux domaines, le culte ne faisant pas exception. Le clergé a poursuivi son travail d'acquisition de connaissances du passé et de diffusion des principes du culte dans la population. Le niveau général en théologie et en histoire des membres du clergé a considérablement augmenté grâce à une formation plus élaborée, dispensée pour partie à l'université et pour partie dans des séminaires qui voient le jour. Les examens qui permettent d'entrer dans le clergé du Passé se formalisent petit à petit et constituent des sources exceptionnelles pour mesurer l'ampleur des évolutions.
Les projets de Parsane en matière de compilation est poursuivi, avec l'ouverture d'archives nationales, les Halls de la Mémoire, construits à Kaltera et à Messevine vers le milieu du VIe siècle. Les Chronomanciens, qui ont poursuivi leur structuration et, eux aussi, codifié l'entrée dans leur ordre (avec la rédaction d'une Trace), sont à l'origine de ce projet, qui vise à entretenir la mémoire du culte et de l'Etat en particulier.
La vivacité du culte dans l'ensemble du Dord-Kalymen au cours des trois siècles qui suivent le règne de Parsane est indéniable. Elle se traduit en particulier par la construction de temples innombrables, dans toutes les cités de la région et même dans les villages. Il n'est pas rare, à cette époque, qu'un riche propriétaire ou qu'un marchand aisé fonde un temple ou un sanctuaire à la fin de sa vie afin d'assurer la pérennité de son souvenir. Ils suivent d'ailleurs en cela l'exemple des souverains d'Ar'Kalyven et des princes - les enfants cadets de la famille royale entrent à cette période souvent dans le clergé et accèdent rapidement à de hautes fonctions, bénéficiant sans aucun doute de promotions de complaisance. C'est sans aucun doute à Messevine que la vitalité du culte du Passé est la plus flagrante : les chantiers concomitants sont légion, tous plus démesurés les uns que les autres. La construction de temples draine une part très élevée des bénéfices réalisés au Dord-Kalymen et soutient les métiers de l'art et de la construction, secteurs alors florissants.
Dans l'ensemble, le clergé du Passé fait sienne la philosophie qui avait animé les réformes impulsées par Parsane : le Passé est considéré comme une source d'enseignements sur le temps présent, et ce n'est qu'en l'étudiant que l'on peut réellement comprendre le monde alentour. Cela permet ensuite de sortir de schémas qui se répètent ou au contraire de prendre une meilleure direction, déjà éprouvée avec succès auparavant. Le rôle de l'éducation, particulièrement de l'Histoire, est donc central et l'Ordre des Chronomanciens occupe une place éminente dans cette configuration. Le passé n'est pas absolument positif : le changement par rapport à une situation antérieure est nécessaire lorsqu'il est prouvé qu'elle conduit dans une impasse. Bien entendu, les autres cultes du Temps, bien que reconnus dans la lignée du Concile de Kalenir, sont considérés avec condescendance, puisqu'ils ignorent les racines du monde qui les entoure.
C'est sur ce sentiment qu'ont joué les fidèles d'une ligne plus traditionaliste, désireux quant à eux de refaire l'unité du culte du Temps sous l'égide du culte du Passé, et à plus court terme de s'opposer à toute conciliation entre les trois cultes pour ne pas altérer les traditions du Dord-Kalymen. Les traditionalistes s'étaient opposés à Parsane pendant son règne ; devant les succès en termes d'organisation et d'amélioration du culte du Passé remportés par la reine, leur appréhension de la voie suivie par Parsane se modifie après sa mort. Parsane devient une figure centrale pour les traditionalistes : elle est celle qui a su remettre le culte du Passé sur les rails et renouer avec une tradition séculaire héritée de Kaly. Il faut donc préserver son héritage lorsqu'il s'agit de la hiérarchie du culte, du Grand Livre du Passé ou de la formation des prêtres, sans l'altérer. La philosophie conciliatrice de Parsane était, selon les traditionalistes, nécessaire dans un moment de crise mais conserve le but de la réunification. En somme, Parsane est perçue comme celle qui a restauré la tradition et dont l'oeuvre ne doit plus être modifiée ; il faut cependant relever que les traditionalistes ont allègrement dénaturé ce qui les arrangeait.

'équilibre au sein du culte du Passé demeure à peu près le même jusqu'au milieu du IXe siècle. A ce moment, l'Ar'Lumn recommence à apparaître comme un voisin menaçant, après l'attaque de 841 perpétrée contre l'Ar'Mirë'Ys. Le souvenir de la guerre achevée en 457 n'étant bien évidemment pas oublié au Dord-Kalymen, l'émoi est grand dans la population, plus encore au sein du culte, la mémoire historique y étant plus précise. L'extérieur menaçant, la politique adoptée par Parsane et poursuivie par la suite de relations de bon voisinage fondées sur le commerce est remise en cause et les traditionalistes en profitent pour réclamer le retour (largement imaginaire) à une forme d'autarcie, les contacts avec l'extérieur étant à éviter dans la mesure où ils conduisent inévitablement aux changements.
Le culte du Passé est amené, en raison des circonstances et sous la pression interne de la faction traditionaliste, à durcir sa position. Ses représentants réclament - et obtiennent - lors du synode décennal de 850 des restrictions à la liberté de circulation pour les ressortissants de l'Ar'Lumn. Les traditionalistes, qui avaient les premiers évoqué l'interdiction pure et simple de circuler en Ar'Kalyven, ont certainement pesé sur ce synode puisque cette idée est développée par des représentants du culte du Passé qui estimaient que l'Ar'Lumn ne se limiterait pas à l'attaque contre l'Ar'Mirë'Ys.
Le fiasco diplomatique des années 860-870, sur lequel beaucoup a été écrit, a eu des répercussions importantes sur le culte du Passé. L'Ar'Kalyven ayant dû céder devant l'Ar'Lumn et rendre une liberté de circulation totale à ses ressortissants en 870, les traditionalistes ont beau jeu de conspuer le dialogue entre les trois cultes du Temps, qui n'a abouti qu'à sacrifier les intérêts du Dord-Kalymen sous de mauvais prétextes, en oubliant de tirer les leçons du passé. En outre, les traditionalistes se sont retrouvés de facto alliés aux cultes du Présent et du Futur pour adopter des restrictions envers les ressortissants du Per'Dellin. Leur position s'est donc trouvée renforcée à la fois car ils ont pu dénoncer ce qui avaient été fait et parce que leur volonté d'isolation a trouvé un écho dans les faits. De plus, l'attitude intransigeante envers les cultes du Présent et du Futur que les traditionalistes ont toujours manifestée se trouve légitimée par le synode de 870. Les traditionalistes sortent donc grands vainqueurs de la crise du milieu du IXe siècle et s'appuient sur cette douloureuse expérience pour s'emparer du culte du Passé à la faveur du règne de la reine Dersane.

n 871, la reine Kerlane s'éteint et sa fille Dersane accède au trône. Dersane a alors depuis longtemps adopté des positions très traditionalistes sur tous les sujets, politiques comme religieux, et s'est alliée depuis plusieurs années aux éléments les plus virulents du clergé du Passé. Il n'est donc pas étonnant que son règne consacre la montée en puissance de la faction traditionaliste au sein du culte : petit à petit, les principales figures du Mouvement Traditionaliste sont nommées à des postes-clés du culte, jusqu'à ce que la disparition du Chevalier des Temps Anciens en 889 permette à la reine Dersane d'imposer un traditionaliste à la tête du clergé.
Prend fin alors la politique de dialogue entre les trois cultes du Temps, le culte du Passé se retirant des synodes décennaux dès 890. Le culte signifie en effet aux deux autres qu'ils devront reconnaître la supériorité du Passé sur les deux autres aspects de la temporalité, puisqu'il les a façonnés, avant de pouvoir reprendre toute discussion. Cette exigence étant bien entendu inacceptable pour les autres cultes du Temps (cela reviendrait à s'avouer comme culte mineur), les synodes sont interrompus.
Le clergé du Passé est progressivement miné par les traditionalistes, qui grignotent en outre le pouvoir des reines : à la mort de Dersane, les traditionalistes refusent à la jeune reine Merlersane toute capacité à administrer le culte et même le Dord-Kalymen, arguant du fait qu'elle n'a jamais été formée pour ce faire. Le culte du Passé obtient donc une indépendance de fait vis-à-vis des souverains et se retrouve à la tête du Dord-Kalymen : il s'agit d'une rupture par rapport à la tradition, mais d'une normalisation au regard des théocraties du Dord-Kalyleg et du Dord-Kalyav. Pendant plus d'un siècle, le clergé du Passé, largement acquis aux idéaux traditionalistes, dispose seul du pouvoir au Dord-Kalymen.
Les traditionalistes se sont imposés d'abord par le haut. Avec le soutien de Dersane, des prêtres qui, à l'origine, ne disposaient pas de poste important ont été propulsés aux plus hautes fonctions du culte. Cela leur a permis ensuite de favoriser d'autres traditionalistes, qui par conséquent ont pu occuper les places les plus stratégiques hiérarchiquement. L'Ordre des Chronomanciens a été moins affecté : la progression des traditionalistes en son sein a été plus lente et moins profonde. En effet, l'ordre dispose d'un statut et d'un prestige qui le placent à l'abri des nominations arbitraires.
Le culte du Passé pendant l'ensemble du Xe siècle est dominé par la faction traditionaliste, qui impose ses vues en tous points. Le commerce avec les régions et pays voisins est interdit et déclaré impie, même s'il ne cesse jamais tout à fait. Les relations sont interrompues avec les deux autres cultes du Temps et le culte du Passé ne cesse de clamer la prééminence du Passé sur les deux autres aspects de la temporalité. Si cette époque a appauvri largement le Dord-Kalymen, le clergé actuel la voit parfois comme un âge d'or en comparaison de la période de remise en cause ouverte par Hersdane. En effet, le clergé était alors tout-puissant dans le Dord-Kalymen et n'a pas été affecté par la contraction économique ; Messevine, notamment, n'a pas cessé de s'embellir.

a prise du pouvoir par la reine Hersdane en 1010, un an après son couronnement, constitue donc une rupture majeure pour le culte du Passé. Pour la première fois depuis la mort de Dersane, une reine prétend imposer ses vues à la hiérarchie religieuse. Les hauts dignitaires du culte, croyant manifestement qu'il serait plus simple d'accéder à certaines demandes de la reine pour mieux la manoeuvrer, sont obligés d'accepter la reprise des synodes décennaux. La reine déjoue leurs pronostics en continuant à se mêler des affaires du culte et fait grincer les dents des traditionalistes en prévoyant la tenue de grandes commémorations pour le sixième centenaire du Compromis de la trinité du Temps.
La maladie de Hersdane qui suit son accouchement est un véritable cadeau offert aux hauts dignitaires du culte du Passé qui y trouvent là une occasion de mettre fin aux velléités de réforme et d'écarter par là de la succession Kalev, alors que Hersdane ne peut plus avoir d'enfants. Le rétablissement de la reine à partir de 1028 lui permet de relancer ses réformes et de rassembler ses partisans - elle parvient à faire établir la liberté totale de culte dans le pays en 1040 après un premier échec dix ans plus tôt. Le clergé du Passé, comme celui des autres cultes du Temps, est confronté à la montée d'un mouvement unitaire visant à réunifier les trois cultes, ce qui soulève de vives oppositions au sein de la faction traditionaliste.
Le culte du Passé est entré dans une profonde crise à partir de l'année 1046 suite aux révélations que l'époux de Hersdane lui a faites sur son lit de mort. Renouant avec une certaine brutalité dans sa manière d'agir, Hersdane lance de grands procès contre des dignitaires du culte du Passé et certains Chronomanciens, tous traditionalistes, les accusant d'avoir fomenté un complot visant à garder leur mainmise sur le Dord-Kalymen. La querelle est à la fois politique, portant sur la place de la reine vis-à-vis du culte et plus généralement en Ar'Kalyven, et théologique autour de la question de l'unité du Temps. Hersdane est sortie largement gagnante de cette séquence qui lui a permis d'écarter de nombreux opposants, dégradés au rang de simples prêtres voire, pour certains, bannis du culte et du pays. Le Chevalier des Temps Anciens Kalydoa, un modéré qui tentait depuis 1034 de maintenir un certain équilibre au sein du culte, a semble-t-il dû avaler beaucoup de couleuvres afin de conserver son poste. Le synode de 1050 a vu les représentants des trois cultes ovationner Hersdane, qui apparaît de plus en plus comme la véritable dirigeante du culte du Passé mais qui devient, et c'est un fait nouveau, une figure appréciée également par le clergé des deux autres cultes.
Il n'est cependant pas certain qu'au sein du clergé du Passé la faction traditionaliste soit complètement vaincue. La perspective d'une réunification des cultes du Temps autour de Hersdane et de Kalev (qui ne la réclament pas ouvertement), qui romprait avec l'histoire de l'Ar'Kalyven depuis le Concile de Kalenir, semble galvaniser l'opposition ces dernières années, bien que le mouvement unitaire n'hésite pas à se réclamer de Kaly elle-même. Les principales craintes portent sur la dilution du Passé dans la temporalité, sur la perte des traditions au sein des temples et de la perte d'identité du clergé du Passé.