Société Kalyvienne




a caractéristique fondamentale de la société d'Ar'Kalyven, toutes régions confondues, est sa très forte hiérarchisation, causée par la nécessité fondamentale pour chaque région de se doter après le Concile général de 420 d'un culte cohérent et organisé face aux autres régions. La hiérarchisation est donc avant tout religieuse et, de ce fait, a tendance à ne guère évoluer.
Dans aucune région l'ensemble des habitants ne prend part aux discussions sur la vie de la cité : c'est pour l'essentiel les prêtres, et plus précisément les hauts prêtres et les ordres particuliers, qui définissent les orientations politiques, à l'exception du Dord-Kalymen où le souverain (qui a presque toujours été une reine) gouverne en partie.
Le somet de la société de l'Ar'Kalyven est donc constitué par les plus hauts dignitaires des trois cultes du Temps. Ils sont suivis, immédiatement après, par les dignitaires des trois ordres de prêtrise : les Chronomanciens, chargés d'étudier le Passé, en Dord-Kalymen ; les Voyantes, qui peuvent avoir des visions d'évènements se déroulant dans le Présent, pour le Dord-Kalyleg ; les Oracles, qui distinguent certaines facettes du Futur, pour le Dord-Kalyav.
Viennent ensuite les simples prêtres, puis l'ensemble des personnes affiliées de près ou de loin au clergé. Le cas du Dord-Kalyav est particulier dans la mesure où il existe une milice religieuse, les Sabliers, dont la hiérarchie est calquée sur celle des prêtres (leur Haut commandeur est considéré comme l'un des hauts dignitaires du culte du Futur) ; se trouve également dans cette région une forte communauté d'alchimistes, dont les idéaux et les centres d'intérêt recoupent en grande partie ceux du culte du Futur.

e reste des habitants de l'Ar'Kalyven est tenu de respecter les préceptes et les enseignements du culte de la région - sauf pour les personnes s'étant installées dans une autre religion, qui constituent en général une faible portion de la population malgré la liberté de culte théoriquement accordée. Cela explique l'importance de la caste des religieux dans le pays.
La plus grande partie de la population s'occupe de travaux agricoles et vit dans les deltas formés par les fleuves (la Kalymen, la Kalyleg, la Kalyav). Il peut s'agir de cultures, de céréales notamment, mais aussi d'élevage : l'Ar'Kalyven est un grand pays d'élevage, qu'il s'agisse de bovins ou d'ovins. Les produits laitiers et notamment les fromages sont d'ailleurs abondamment produits.
Dans le reste du pays, essentiellement montagneux, les habitants se font plus rares. Il s'agit alors plutôt de soldats gardant les frontières, de trappeurs, de chercheurs de métaux précieux, d'éleveurs de caprins et, surtout, de chasseurs et de bûcherons qui découpent et débitent les grands conifères si présents dans les montagnes. Le bois est ensuite acheminé vers les villes par la route dans un premier temps, jusqu'à atteindre un point où les cours d'eau soient navigables, puis par l'eau. Il faut noter que les cours d'eau ont souvent été aménagés il y a longtemps et que les barges à fond plat peuvent y circuler assez aisément (sauf dans les torrents, évidemment).

ans les deltas, la forme d'habitat la plus répandue est le village, comprenant d'une dizaine à quelques centaines d'âmes (mais rares sont les villages de plus de cent habitants). Il est à relever qu'il n'existe presque aucun bourg d'importance moyenne, ce niveau urbain servant traditionnellement de centre de services pour les villages alentours (en fournissant un marché hebdomadaire, un ou plusieurs forgerons, des marchands de tissus ou de vêtements, etc.).
Les villageois doivent donc, pour se procurer des produits artisanaux basiques, passer par d'autres biais. Se rendre dans l'une des grandes villes de sa région est une solution coûteuse (il faut pouvoir sacrifier plusieurs journées de travail) et peu intéressante en général, car les prix pour les produits de base y sont assez élevés. Aussi la plupart des Kalyviens préfèrent-ils attendre le passage dans leur village d'un colporteur (qui diffuse produits et nouvelles), d'un marchand (de bêtes, de vêtements...) ou d'un artisan itinérant (forgeron, charpentier, coutelier, menuisier, etc.), sans parler des bardes.
Parmi les villageois, il existe presque toujours une ou plusieurs personnes, en fonction de la taille du village, chargées d'amener périodiquement les surplus produits à la ville la plus proche, et de les y vendre au meilleur prix. Ces voyages se déroulent parfois tous les mois, le plus souvent tous les trimestres. Ils peuvent également être l'occasion de ramener des produits de la ville, les habitants passant alors commande à l'avance.

a société des villes est très diverse en comparaison. Le clergé y est bien entendu particulièrement représenté et, dans les villes où le culte est une activité centrale comme Messevine ou Kalyran, il peut représenter une part importante des habitants.
La plupart des artisans de l'Ar'Kalyven officient dans les grandes villes, au sein desquelles tous les types de métiers sont en général présents. Toutefois chaque cité a ses spécialités propres : citons par exemple le travail de la laine à Kaltera, la forge à Kydelomi ou le verre à Kalyran. Ces spécialités se voient à l'existence de quartiers vastes réservés à un type d'artisans ; leurs produits sont réputés dans tout le pays, parfois même au-delà des frontières, et se vendent à des prix plus élevés en raison de leur qualité.
Les marchands sont également basés dans les villes. Il faut d'emblée relever un trait important du commerce en Ar'Kalyven : le commerce avec les pays voisins est très actif (avec le Per'Dellin, le royaume nain de Durgan et l'Ar'Lumn surtout), mais n'est pas le fait des marchands kalyviens. Ces derniers, comme les autres membres de la société, répugnent en effet à quitter leur pays et préfèrent laisser aux marchands étrangers le soin de se déplacer, ce qui explique la présence de communautés étrangères structurées et anciennes dans certaines cités. Les marchands kalyviens s'occupent plutôt des échanges intérieurs entre les cités et les régions, voire de vendre les produits du pays aux marchands étrangers, ce qui suffit à les enrichir considérablement.
Enfin les artistes constituent une autre composante essentielle des cités de l'Ar'Kalyven, où les arts sont très prisés (et se distinguent parfois difficilement de l'artisanat). Les architectes, les sculpteurs, les doreurs et graveurs, dont le travail se lit dans les rues elles-mêmes, se trouvent à peu près partout (mais des cités comme Messevine ou Kalyran en comptent un nombre proportionnellement élevé). Certaines cités mettent l'accent sur d'autres formes d'arts : ainsi Kalyran produit-elle des vitraux pour les temples, tandis que l'aménagement de jardins et de parcs somptueux (geser-ma-sevelin) est fondamental à Kalaïrev.
Les arts plus éphémères, tels que la musique, le théâtre, la jonglerie, la danse ou la poésie sont moins prisés, sauf pour des usages très ciblés : ainsi la musique et le chant sont très importants dans les temples, la littérature historique est essentielle en Dord-Kalymen. Le Dord-Kalyleg fait cependant exception à la règle. En effet la vision du Temps promue par le culte du Présent met l'accent sur la jouissance immédiate et la volatilité de l'instant, ce qui conduit à encourager les arts aux productions éphémères ou du moins peu durables.

nfin il faut noter que les femmes bénéficient d'un statut légèrement supérieur à celui des hommes dans de nombreux domaines. Ainsi la succession passe-t-elle de mère à fille en priorité, les garçons n'héritant qu'en l'absence de fille (ou dans des cas exceptionnels). Cela explique pourquoi les souverains de l'Ar'Kalyven sont en général des reines - on ne compte que quatre rois depuis 337. De la même façon, l'ordre des Voyantes du culte du Présent n'admet en son sein que des femmes.

Extrait des Héritiers de Kaly, par Mer-Iniane.