Economie de l'Alakh'Sun




l faut avant tout voir que l'économie de l'Alakh'Sun repose fondamentalement sur la situation démographique, sur les conditions qui s'exercent sur la population. Le pays est assez peu peuplé : mis à part la capitale Laiirna qui rassemble entre 80 000 et 100 000 personnes (le décompte est rare, et de toute façon la population varie de manière très importante), on ne compte que quelques cités ou petites villes, des villages, des hameaux et des garnisons. La population est essentiellement regroupée dans le Dord-Resoe ; personne n'habite près du lac, peu dans les steppes - des tribus de pâtres - et on trouve surtout dans le marais des garnisons militaires maintenues en permanence pour protéger le pays contre toute invasion. C'est donc dans un contexte particulier que s'organise la production et l'économie en général. Les trois quarts du territoire sont peu ou prou déserts, et la grande majorité de la population se trouve dans le delta.
Cette disposition favorise beaucoup l'agriculture, bien entendu, puisqu'il s'agit de la seule activité de production qu'offre le delta. Les productions agricoles du delta sont d'abord les céréales, riz au premier chef, puis des légumes, cultures qui réclament de l'eau, ce que possède naturellement en abondance le delta. Mais on cultive également des produits n'ayant aucun intérêt alimentaire, notamment les diverses plantes médicinales nécessaires aux herboristes, les arbres et les fleurs exigés par les alchimistes, etc. Ces productions sont peu importantes quantitativement (quelques erkal en tout chaque année) ; elles pèsent pourtant beaucoup sur la vie économique, puisqu'elles représentent près de 40 % de la valeur de la récolte. Enfin, diverses cultures s'observent ça et là.
Les paysans occupent donc une place centrale dans la vie économique. Notons tout de suite que, contrairement à d'autres pays, les paysans ne sont pas dépendants d'un seigneur et qu'aucune contrainte féodale ne vient bloquer l'appareil de production. Le paysan du delta vit généralement dans un hameau ou un petit village, et a à sa charge une exploitation de taille moyenne (de 10 à 20 étans par famille le plus souvent), occupée largement par des cultures céréalières (entre 70 et 90 % selon les régions). Le reste de l'exploitation est consacré aux cultures achetées par l'Université, et à d'autres cultures éventuellement - notamment un certain espace dont s'occupent les membres de la famille incapables d'exercer les travaux des champs pénibles, qui sert normalement de source de nourriture pour la famille. Il existe très peu d'exploitations spécialisées dans les productions les plus rentables (herbes, plantes rares, essences, etc.) car les risques sont toujours importants de perdre la récolte (on estime que chaque année sont perdus les sept huitièmes de la production !), ces cultures étant particulièrement fragiles - et souvent ne sont pas initialement adaptées à de tels climats. On trouve rarement des exploitations où travaillent d'autres personnes que la famille - qui pour le coup peut englober jusqu'à trois, voire quatre générations, grâce à l'espérance de vie exceptionnelle dans ces régions.
Un mot du devenir des productions : beaucoup de céréales ne sont pas consommées sur place - la production est trop importante. Un système a donc été mis en place il y a déjà longtemps (1003) : un département spécial de l'Université rachète aux paysans à un prix intéressant pour les deux parties les excédents de production et se charge de les vendre à l'extérieur. Ainsi les paysans réalisent une marge de bénéfices leur permettant d'acheter les produits nécessaires toute l'année, de moderniser ou d'adapter si besoin est l'exploitation et surtout de disposer d'une somme suffisante pour faire face à une année de mauvaise récolte ; la marge de bénéfices demeure sensiblement la même au cours du temps (depuis l'établissement de ce système, les variations n'ont jamais été supérieures à 12 %). Face à cela, l'Université réalise effectivement plus de bénéfices. Ces bénéfices, compte tenu de la structure politique du pays, sont redistribués en fonction des besoins et des exigences de développement - depuis une dizaine d'années, l'Université investit beaucoup dans le développement des steppes afin de créer un réseau d'échanges avec Arkfeld. Un fond est conservé afin de parer à toute catastrophe naturelle, magique militaire.
Les autres productions sont généralement consommées entièrement en Alakh'Sun. Notons que les productions d'herbes, plantes en tous genres, sont destinées par la loi exclusivement à l'Université qui peut éventuellement commercer avec d'autres centres magiques (notamment Illéranyne, Aromyne, la principauté de Musä...) ou cultuels, ceci afin d'empêcher la prolifération de produits dangereux à des endroits où ils n'ont pas à être. Cette loi provoque d'ailleurs la colère d'un groupe de pression d'agriculteurs regrettant le fait de ne pas pouvoir commercialiser librement ces produits, ce qui leur permettrait d'engranger des profits plus importants.
Passons rapidement sur les élevages des steppes : ils fournissent une quantité de viande suffisante pour alimenter les grenier des villes et villages du pays. En cas de pénurie, l'Université commerce avec l'Arkfeld ou demande l'aide d'Illéranyne. Les industries de transformation sont assez peu importantes - exceptées celles basées à Laiirna - et jouent un rôle économique assez minime - mais ont un rôle considérable sur le pays. Dans les villages et les petites villes, voire les hameaux, l'industrie n'est guère présente que par les artisans qui sont nombreux et sont indispensables à la vie des cités : cordonniers, forgerons, tailleur, etc. On y trouve aussi des marchands, outre les marchés où se vendent les productions locales non destinées à l'Université ; citons les épiciers, les marchands de matériel agricole, les marchands de bestiaux. Souvent les villes et villages accueillent plusieurs fois l'an une grande foire.
Mais le véritable centre économique est et reste Laiirna.

L'économie de l'Alakh'Sun,
résumé d'une conférence donnée à l'Université de Laiirna
par le professeur Harr'Lhemm.



epuis des siècles, les systèmes politiques s'articulent autour de trois grands axes : la théocratie (pouvoir religieux, comme en Edanel), la monarchie, ou autre système autocratique, et la ploutocratie (les marchands, banquiers, contrôlent le système) - sans parler des systèmes primitifs, où le système ne rassemble qu'une tribu et où l'organisation s'arrête à l'échelle locale. Ces systèmes s'appuient sur un mécanisme simple : la concentration des pouvoirs décisionnels dans les mains d'une minorité, sans que la population puisse influer sur son destin. Certainement, une telle organisation est plus efficace dans certaines circonstances (notamment les situations de crise), mais à tout observateur lucide et critique il apparaît que de tels systèmes sont voués à évoluer profondément pour faire face à l'aspiration des peuples à prendre en main leur existence, qui est inéluctable, même si elle ne se fait que peu ressentir actuellement. Pour cette raison, le système politique de l'Alakh'Sun s'impose comme une exception et incontestablement comme un régime stable et moderne. Tâchons de comprendre les raisons qui expliquent cela.
Le centre de tout est l'Université, et ce depuis la fondation du pays ; certaines voix se sont déjà élevées contre cette domination qui perd petit à petit son sens au fur et à mesure que les activités du pays se diversifient, mais l'Université n'a pas encore remis en cause le système. Une des grandes caractéristiques du pays est son uniformité en matière politique : il n'y existe pas d'enclaves soumises à des régimes spéciaux, exceptées les villes-garnisons du Dord-Kuaten.
La cellule de base du système est le quartier, qui correspond selon les endroits à un village et ses alentours, ou à une fédération de hameaux, ou à une ville - voire à un quartier de Laiirna - en fait, le quartier représente une certaine masse de population (entre 10 000 et 50 000 personnes) et/ou de territoire. Les citoyens du quartier élisent tous les deux ans un collectif de délégués qui ont en charge l'administration du quartier - répartition des produits, achat des récoltes, aide sociale, protection des habitants, physique et magique, etc. Au niveau du quartier, on trouve aussi un mage de quartier, nommé par l'Université : le représentant de l'Université dans le quartier, en somme ; ces mages sont souvent issus des quartiers dans lesquels ils sont nommés, afin d'accroître leur efficacité. Enfin, les citoyens du quartier élisent tous les ans un délégué général qui représente le quartier au sein de Comité de secteur.
Le Secteur est la deuxième cellule du système ; un Secteur regroupe de deux à sept quartiers (voire plus à Laiirna et dans les autres villes), et a en charge des aspects macro-spatiaux : il s'agit de vérifier que le Secteur fonctionne correctement, en favorisant la synergie entre les différents quartiers, etc. Le Secteur est souvent découpé selon des critères communs - de population, d'activités, de culture, etc. - afin d'être plus performant. Le Comité de secteur a pour fonction de veiller au bon fonctionnement du Secteur ; il est composé pour moitié de délégués des quartier (délégués généraux, délégué des mages de quartier, voire représentants exceptionnels de la population) et pour moitié de personnels de l'Université (mages, mais pas forcément : ce sont plus souvent des experts en diverses techniques chargés de la réalisation de certains travaux).
En parallèle, il existe des Corps d'activité, qui existent à l'échelle du pays tout entier et qui regroupent les quartiers ou les portions de quartier qui exercent les mêmes activités, le plus souvent économiques. Il faut noter que ces Corps ne rassemblent pas seulement les acteurs économiques (les agriculteurs de blé, les éleveurs, les artisans) mais l'ensemble de la population concernée par les activités à cause du caractère privilégié de cette activité sur la portion de territoire.
Il existe également des territoires qui ne sont pas soumis à des pouvoirs normaux : ce sont les Terres d'exception, situées dans les zones susceptibles d'être envahies - en pratique, c'est la région du Dord-Kuaten. Ces terres sont dirigées par une hiérarchie militaire qui n'a aucun compte à rendre aux éventuels habitants de la région, qui au contraire doivent obéir en tous points aux ordres sous peine d'être exécutés sans autre forme de procès. La hiérarchie n'est redevable que devant le Conseil supérieur de l'Université, qui délègue généralement de façon permanente un �rudit pour surveiller la région et le travail. Il faut d'ailleurs noter que l'armée de l'Alakh'Sun est totalement dévouée à l'Université. Passer une année dans le Marais est une condition préalable de l'obtention de la citoyenneté pour les étrangers ; hommes et femmes peuvent acquérir cette citoyenneté, natifs du pays ou non (il ne faut pas oublier que l'Alakh'Sun est un pays cosmopolite et ouvert à tous), jeunes et moins jeunes (chacun peut décider du moment où il ira défendre le pays, tant que ça n'est pas avant douze ans, ou l'équivalent pour les non-humains), et même les personnes inaptes physiquement au combat - elles sont employées selon leurs compétences dans divers métiers : intendance, logistique, administration, etc. L'armée est donc liée très étroitement à la vie politique du pays, elle en est le creuset. Dévouée corps et âme à l'Université, elle est un des facteurs qui permettent à l'Université de contrôler l'ensemble du système.
Professeur et élève de l'Université, par SLo.Au dessus de tout, nous l'avons déjà évoqué, se trouve l'Université, elle-même stratifiée et hiérarchisée - même si la hiérarchie est assez souple. L'Université est composée de divers départements - combien, il est difficile de le dire car cela varie constamment à cause de l'extension des savoirs et des domaines de recherche - qui sont chacun voués à la recherche et à la formation de spécialistes : une université classique, en somme. La spécificité de l'Université de Laiirna est sa prédilection pour les arts magiques de toutes sortes et assimilés (alchimie, sorcellerie, chant, etc.). Elle est un centre mondial pour l'apprentissage de la Magie, et nombre de mages célèbres en sont issus. Chaque département est placé sous l'autorité d'un Conseil de département de dix personnes qui regroupe : cinq professeurs choisis par l'ensemble des professeurs, deux représentants des élèves, le Recteur de l'Université, deux représentants de l'ensemble des personnes exerçant la "profession" enseignée dans le département. Le Conseil supérieur de l'Université est l'instance dirigeante ; il regroupe un professeur de chaque département, élu par le Conseil de département. A sa tête est placé le Doyen, qui est nommé Recteur. Le Conseil supérieur choisit un Conseil exécutif qui se charge des tâches courantes, souvent composé de membres quasi inamovibles - par exemple, la gestion du Trésor est généralement confiée au représentant du Département d'Ã?conomie.
Des polémiques ont pu parfois porter sur la nature du régime, effectivement difficile à qualifier. Il ne s'agit pas d'une magiocratie à proprement parler, puisque ce ne sont pas des mages qui gouvernent - du moins en tant que tels - mais des chercheurs. Le terme "savantocratie" correspondrait peut-être mieux à la réalité. Il ne s'agit en tous cas pas d'un monarchie, d'une aristocratie, etc. Il est évident que l'on retrouve des traits de méritocratie, mais il ne faut pas oublier la démocratie à la base (les cellules de base élisent leurs représentants), qui est en plus très complète, puisque la citoyenneté peut être attribuée à qui la veut - et qui survit à son année de défense du pays. Certains auteurs, manifestement peu admiratifs devant l'efficacité et la bienveillance de notre gouvernement, nous ont taxé de technocrates : il va sans dire que nous rejetons cette appellation négative.
Ce régime fonctionne depuis plusieurs siècles sans heurts majeurs ; il est suffisamment démocratique pour convenir à tout le monde, le pouvoir est suffisamment resserré pour être efficace. Nous pensons que, désormais, le régime ne subira plus de transformation profonde. Nul doute que les régimes qui n'ont pas intégré les masses à leur système seront appelés, à plus ou moins brève échéance (et l'apparition d'Illéranyne semble devoir accélérer ce processus), à s'inspirer de ce modèle pour évoluer.

Comprendre le système politique de l'Akakh'Sun,
article du professeur Lhar'Gikken en Droit,
paru dans la revue Etoiles de l'Université de Laiirna.