Les Domestiques




es Domestiques sont les plus petits de tous les Dragons. Ils sont apparus après les Descendants, et leur filiation avec les Dragons des origines est parfois obscure. Dans la mesure où ce sont les plus beaux de tous les Dragons (vivant encore), spécialement en comparaison des Descendants les plus courants - Dragons de Fer, de Bronze... - on a tendance à les considérer comme descendants en ligne directe de Dragons ancestraux qui n'ont pas laissé de descendants et qui étaient les plus beaux Dragons (Dragons d'Or, de Cristal, Dragons-Fées ; ou Dragons de Perles, mais on attribue des Descendants à ces derniers).
Les Domestiques n'ont plus grand chose à voir avec les Ancêtres. Outre leur taille, ridiculement petite en comparaison, leur nature est modifiée : ils ne sont plus des créatures de Magie, et n'utilisent d'ailleurs plus la Magie, sauf quelques individus légendaires et isolés. Certains ne savent même plus communiquer par la pensée aux autres créatures, ce qui explique que l'on les considère parfois comme des animaux parmi d'autres.
Leur beauté exceptionnelle, ainsi que la rareté de certains d'entre eux, explique qu'ils soient tous très recherchés, notamment par les puissants de ce monde, car la possession d'un Domestique révèle une richesse et une puissance formidables. Les Domestiques sont parfois employés comme conseillers, voire comme stratèges (ce sont là des postes réservés à certaines races seulement), comme messagers ; parfois, ils ne servent pourtant que d'animaux de compagnie...



Le Blanc-Dragon


Ecaille de Blanc-Dragon.Les Blancs-Dragons sont peut-être parmi les plus communs des Domestiques dans le nord et l'ouest d'Oneira. On en trouve d'innombrables colonies, aussi bien dans les plaines et les collines qu'en altitude, car ils s'adaptent aisément à tous les milieux, et comme ils apprécient la pierre, ils choisiront volontiers de s'installer dans des ruines humaines ou eldevannes, à flanc de falaise ou dans des éboulis, voire dans des carrières si l'occasion se présente.
Les Blancs-Dragons ne sont pas - et de très loin - les plus grands des Domestiques : ils ont à peu près la taille d'un très gros chien, soit moins d'une taille en général, pour une envergure de trois à quatre tailles. Leur cou est long et mince, la tête se termine par un museau étroit et se voit pourvue de deux cornes ivoirines. La queue est longue - pratiquement autant que le corps - et relativement fragile. Les yeux, grands et allongés, sont de couleur variable mais généralement intense : ambre, jaune, vert, bleu, parfois violet... Le Blanc-Dragon n'arbore, outre ses cornes, pratiquement aucun élément offensif : ni piques ni épines sur son dos ni sa queue, seulement un éperon au niveau des pattes antérieures, mais qui pourrait n'être que le vestige d'une forme antérieure. La beauté des Blancs-Dragons réside dans leur grâce spectaculaire, dans leur blancheur subtile, dans l'éclat de leurs écailles. Pratiquement tout le corps en est recouvert : elles sont petites et régulières, scintillantes dans la lumière, d'un blanc immaculé qui tend à bleuir avec l'âge. D'autres parties du corps tirent plus sur l'ivoire : la tête à la peau fine et translucide, les cornes, les ailes, l'élégant plastron et les pattes.
Il ne faut pas se laisser abuser par l'apparente fragilité des Blancs-Dragons : ils sont de redoutables chasseurs qui n'épargnent jamais leurs proies. Capables de soulever un homme, ils peuvent s'attaquer à du petit bétail même s'ils préfèrent en général des proies plus modestes : lapins, oiseaux, etc. Le cri des Blancs-Dragons est saisissant, proche de celui des rapaces, quoique plus mélodieux, il s'entend à des élans à la ronde et provoque la panique du bétail, ce qui a contribué à pousser les hommes à donner la chasse aux Blancs-Dragons de façon systématique au début de notre ère. D'autres facteurs jouaient contre eux : la préciosité de leurs écailles, très recherchées par les sorciers et supposément capables de guérir de nombreux maux lorsqu'elles sont simplement sucées, le goût exquis de leur chair que consomment volontiers certaines populations nomades, et une superstition tenace qui faisait confondre les Blancs-Dragons avec des messagers funestes, leurs gémissements longs et plaintifs en période de reproduction évoquant volontiers les lamentations de fantômes et d'esprits tourmentés.
Longtemps considérés davantage comme une nuisance qu'un atout, les Blancs-Dragons ont été ignorés dans le meilleur des cas, décimés dans bien d'autres, avant qu'on prenne enfin conscience de leur saisissante intelligence - au regard de bien des animaux, mais sans commune mesure avec celle de Dragons plus nobles ou même d'autres Domestiques - qui en fait des compagnons précieux. Ce sont les chevaliers de l'Ordre de Beravel qui ont démontré leur utilité, chacun d'entre eux élevant un Blanc-Dragon pour lequel il donnerait sa vie (l'inverse étant vrai aussi). Aujourd'hui, les Blancs-Dragons sont une aide précieuse dans de nombreux domaines et pour de nombreuses personnes : ils transportent colis et messages avec rapidité et fiabilité, chassent volontiers pour les hommes et partagent leurs proies, rabattent gibier et bétail, avertissent de nombreux dangers, etc. Au Daafeld, en Tor-Keralm, en Per'Dellin, ils sont devenus autant dans les cités que les campagnes des compagnons incontournables des activités humaines.

Extrait du Bestiaire de Dame Belnë, par Eg-Belnë.

Le cimedragon


Cimedragon, par Erana.Les cimedragons, s'ils ne sont pas les plus grands des dragons domestiques, sont tout de même de taille respectable puisqu'ils peuvent atteindre, pour les plus grands spécimens, la taille d'un petit cheval. Leurs écailles, contrairement à la plupart des autres dragons, sont mates, variant du vert tendre au brun selon les saisons, afin de se camoufler dans leur habitat naturel, les hautes forêts d'Oneira (les plus grandes colonies se trouvant au Damirë, au Mirëli, dans le sud de l'Eranos, en Arkfeld et au Sarelos). Fins et élancés, aux longues ailes translucides, les cimedragons sont pourvus de quatre pattes munies de longues griffes empoisonnées. Leur queue, représentant les deux tiers de leur longueur, est munie, tout du long, de paires de plaques osseuses jouant un rôle important dans le maintien de l'équilibre lorsqu'ils se déplacent à la cime des arbres. Leur cou est agrémenté d'une petite collerette, rappelant un bouquet de feuilles d'arbres, qui se déploie lorsque l'animal crie ou déverse son souffle. Leurs yeux sont généralement verts mais peuvent parfois tirer vers le marron ou le noir. Leur tête triangulaire est courte, pourvue d'écailles plus petites, et les yeux en amandes y sont haut perchés. Deux narines discrètes sont placées sur les côtés, juste au dessus de la gueule et sont souvent surmontées de quatre à six "moustaches" de peau de dix entailles à une penne de longueur. Les ailes sont larges et vastes, bien plus que pour la plupart des dragons au regard de la taille du corps, fines et translucides, pourvues en leurs extrémités d'une longue griffe mobile, dont le cimedragon se sert comme d'une cinquième et sixième patte pour se mouvoir dans les arbres.
D'aucun avancent que les cimedragons sont des descendants, ou des cousins, des dragons de fiel du Ruin'Shae, mais ces allégations sont très controversées et la plupart des spécialistes s'accordent à dire qu'on ne leur connaît aucune filiation d'ancêtres ou de descendants. Cette théorie connait son unique argument dans le principal moyen de défense des cimedragons qui, contrairement à la majorité des dragons, cracheurs de feu, peuvent propulser par la gueule un nuage vénéneux chargé de spores toxiques bloquant le système respiratoire de quiconque en inhale de trop grandes quantités. On a découvert récemment que le régime alimentaire des cimedragons se compose essentiellement de feuilles et de fruits de diverses plantes toxiques, certainement à l'origine de ce souffle peu commun.
Les cimedragons ont un comportement social très évolué, vivant en groupes de dix à vingt individus dirigés par le plus âgé du groupe. S'ils ne parlent pas, tel qu'on l'entend communément, leur langage n'a de cesse d'intriguer les spécialistes. En effet, on a pu recenser pas moins de cinquante types de cris différents selon les circonstances. Hormis le cri d'attaque, puissant et strident, qui précède le souffle nauséabond, les cimedragons semblent communiquer entre eux par un complexe système de roucoulements et de chants, très mélodiques, proche de ceux des oiseaux. Les cimedragons nichent sur la cime des hauts arbres des forêts anciennes, d'où ils tirent leur nom. Leur nid est généralement fait de branches mortes, de mousses et de feuillages. Ils y passent une grande partie de leur temps à se reposer ou à y élever leurs petits. Une fois par an, les femelles pondent d'un à cinq ½ufs, reconnaissables à leur coquille écailleuse d'un vert très pâle. La couvée dure quatre mois avant l'éclosion et les petits restent au nid durant encore quatre mois supplémentaires, nourris et choyés par l'ensemble du groupe, avant de prendre leur premier envol. Les cimedragons sont d'ailleurs rarement aperçus en vol, ils se déplacent plus volontiers en "marchant" sur la cime des arbres, d'un pas étonnamment léger et équilibré pour leur taille. Ils n'en savent pas moins parfaitement voler, grâce à leurs ailes démesurées pour leur corps, pouvant passer de longues heures en l'air sans trop se fatiguer.
Leur comportement vis-à-vis des autres formes de vie est plutôt pacifique, sauf dans les cas où leur sécurité, celle de leur habitat ou celle de leurs petits seraient menacés. Néanmoins, bien dressés, ils font de redoutables montures de combat, comme c'est le cas en Arkfeld pour les dragonniers de la Compagnie des Ombres Vertes ou de l'Ordre du Saule Doré.
Le souffle des cimedragons étant tout aussi dangereux pour le dragonnier que pour son ennemi, ces derniers sont obligés de porter un Masque de Therenn, filtrant les spores toxiques. La création de ces masques étant très couteuse et délicate, rares sont les armées à compter des cimedragons dans leurs rangs.

Extrait de Arpenteurs des Cieux, par Eg-Istrin.

Le dragon d'Azur


Les plus grands des Domestiques demeurent ridiculement petits en comparaison avec les Ancêtres. Les Dragons d'Azur ont une taille légèrement supérieure à celle d'un étalon de pure souche, une taille qui en fait des montures parfaites. Leurs écailles sont d'un bleu étincelant, dont les teintes varient selon l'âge du Dragon ; dans sa jeunesse, le Dragon arbore un beau bleu pâle, puis il se fonce peu à peu, pour arriver à un bleu nuit constellé de points lumineux, qui sont des petits joyaux incrustés dans les écailles.
Les Dragons d'Azur, au vu de leur taille, doivent être les premiers Domestiques à avoir vu le jour. Par contre, les recherches poussées qui ont été menées sur eux ne sont pas parvenues à établir leur filiation, dans la mesure où l'on ne connaît pas, pas même par ouï-dire, de Dragons Ancestraux ayant développé une telle symbiose avec le ciel et l'air. Les scientifiques s'opposent actuellement autour de deux thèses, l'une étant que les Dragons d'Azur descendent d'une race d'Ancêtres encore inconnue ; l'autre étant extrêmement technique, nous renvoyons le lecteur intéressé au livre du professeur Den'Ferguil, Les Dragons d'Azur ne sont un mystère que pour les imbéciles ; essai de Gonologie dragonnesque (livre très polémique).
Les Dragons d'Azur vivent la quasi-totalité de leur temps dans l'air. Il semble qu'ils se nourrissent de gaz qu'ils trouvent là, descendant parfois à basse altitude pour s'approcher de sources. Ils dorment également en altitude, en planant, semble-t-il. Le sommeil s'opère en fait sous la surveillance d'un (ou plusieurs) autre Dragon prêt à réveiller les dormeurs si besoin est. Ceux qui surveillent se relaient. Ce système semble bien fonctionner pour les groupes de Dragons d'Azur, qui peuvent comprendre jusqu'à vingt membres, que l'on trouve surtout au-dessus du Sarelos. D'autres Dragons d'Azur vivent en solitaire, et il semble qu'ils dorment en planant également, se réveillant immédiatement s'ils ont perdu trop d'altitude. Les Dragons d'Azur quittent le ciel en période de ponte ; la ponte s'effectue généralement dans des montagnes où nul ne vient jamais, et les parents restent auprès de leur enfant jusqu'à ce qu'il soit capable de voler (cela dure de dix mois à un an en général).
En théorie, les Dragons d'Azur sont susceptibles de vivre partout en Oneira, tant qu'il y a du ciel et de l'air, bien entendu. Sans doute en a-t-il été ainsi jadis, mais aujourd'hui les Dragons d'Azur sont au maximum quelques centaines, et ils vivent surtout dans les cieux du Sarelos, pays du culte de l'Air, avec lequel ils ont passé un pacte d'alliance mutuelle : le Sarelos protège les Dragons d'Azur et empêche qu'ils soient chassés, et les Dragons d'Azur, en contrepartie, servent de monture pour des chevaliers d'élite du pays. Notons que ces chevaliers ont tendance à peu servir, car le Sarelos est un pays pacifique ; mais peut-être est-il épargné par la guerre aussi grâce à cette unité qui effraie quelque peu les éventuels assaillants...

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°556, eilë aenvë 1041.

Le dragon de Diamant


Descendants en ligne directe des Dragons de Cristal, tout comme les autres Dragons de Joyaux (dans tous ces cas la filiation ne fait aucun doute et n'a jamais été remise en cause) et les Dragons de Lumière, les Dragons de Diamant sont cependant plus rares et plus recherchés, à tel point qu'il s'est même développé, à une époque, un véritable trafic de ces créatures, mettant en jeu des alliances fort improbables de Mages, de riches puissants, et de bandits sans scrupules. Les Dragons de Diamant sont en effet sans conteste possible les plus beaux des Domestiques ; en effet, comme pour leurs lointains ancêtres, dont ils sont les descendants les plus proches, leur corps est totalement transparent, mais composé d'une matière étrange, alliage de chair et de diamant. La lumière, en les traversant, est réfractée, et les Dragons de Diamant semblent alors émettre de la lumière, et ressemblent en tous points aux Dragons de Lumière. Pourtant, à la différence de leurs cousins, ils ne sont pas source de lumière, et sont par conséquent indiscernables dans le noir absolu. Ils sont relativement petits, ne mesurant que très rarement plus d'une taille de la tête à la base de la queue.
Outre leur beauté, les Dragons de Diamant possèdent de nombreux atouts qui leur permettent de compenser les déficiences physiques communes aux Domestiques. En premier lieu, les Dragons de Diamant peuvent parler, bien qu'ils pratiquent l'Oneirien avec un accent, charmant au demeurant ; et leur voix, aux consonances cristallines, ravissent bien souvent les c½urs. On pense qu'ils sont également familiers de moyens de communication différents, notamment en s'adressant d'esprit à esprit aux autres. Ensuite, les Dragons de Diamant, et ils diffèrent en cela des autres Domestiques, sont parfois capables d'employer la Magie, et c'est ce qui pousse certains savants à avancer l'hypothèse que les Dragons de Diamant seraient les plus proches descendants des Dragons d'Or, qui étaient, on le sait, les créatures ayant le plus d'affinités avec la Magie qu'ait connus Oneira. Enfin, ils sont dotés d'une intelligence redoutable.
Les Dragons de Diamant ont été traqués et chassés, puis impitoyablement asservis, durant des siècles, jusqu'à ce que le Synode d'Illéranyne décrète dès 1021 que cette chasse était illégale, bien qu'il soit certain qu'il subsiste un commerce de contrebande. Cependant, les Dragons de Diamant sont toujours très recherchés par les puissants ; mais comme au fil des siècles leur nombre a constamment diminué, leur valeur est inestimable, et seules les familles royales et les nobles les plus puissants peuvent se targuer d'en posséder un. Ils sont employés comme messagers (les rois aiment à les utiliser pour leur correspondance avec Illéranyne, car cela leur permet de montrer leur richesse), comme stratèges pour certains d'entre eux, comme conseillers, et peuvent faire office de bardes lors des plus grandes occasions. Lors du mariage de Kelwan et d'Illénira, l'oncle de Kelwan, régent du Pyrelos, leur a offert un couple de Dragons de Diamant.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°557, eilä aenvë 1041.

Le dragon d'Ivoire


Les Dragons d'Ivoire sont certainement les moins éblouissants de tous les Domestiques, et ceux dont la compagnie est la moins recherchée. En effet, ils ne possèdent guère d'atouts susceptibles d'en faire des compagnons prisés : ils ne sont pas dotés d'une capacité de communication, ni de Magie (ce qui est la règle chez tous les Domestiques, de toute manière), et apprécient peu le contact des races humanoïdes dont ils se méfient, non sans raison. Car ces Dragons sont recouverts de grandes plaques d'ivoire, et l'on estime qu'un Dragon d'Ivoire adulte est une réelle mine de ce matériau. Cela explique l'intérêt que leur portent les chasseurs et les trafiquants en tous genres. Et même si ces pratiques sont formellement condamnées par la plupart des pays (et le Synode a décrété que tuer un Dragon d'Ivoire était un meurtre - on sait d'ailleurs qu'Illéranyne mène un combat sans fin, et d'aucuns diraient : sans espoir, afin de préserver les races de Domestiques, qui ont été et sont toujours, pour la plupart d'entre elles, la cible de véritables génocides, tant les Domestiques sont recherchés pour telle ou telle raison). Cette traque incessante, qui remonte à des siècles et des siècles, explique à elle seule l'isolement qu'observent désormais les Dragons d'Ivoire, qui se réfugient dans des montagnes arides (par exemple à Tor-Keralm où ils sont par ailleurs parfois dressés) ou dans des steppes. De même, les Dragons d'Ivoire se sont progressivement adaptés à leur statut de proie et ont développé des moyens de défense : ainsi leur taille a crû, de même que leurs crocs ou leurs griffes (qui sont également en ivoire), faisant de ces créatures des bêtes plus féroces que toutes les bêtes fauves traditionnelles - on exclut évidemment de cette catégorie les monstres en tous genres. Concluons en disant que l'on ignore tout de l'ascendance des Dragons d'Ivoire.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°558, eilï aenvë 1041.

Les dragons de Joyaux (émeraude, rubis, saphir)


Les Dragons de Joyaux descendent, et il s'agit là de plus que d'une supposition, des Dragons de Cristal, cette race étonnante d'Ancêtres qui avait coutume de bâtir de gigantesques cités et qui avaient développé une civilisation dont on ne peut percevoir que de fantastiques échos. De leurs ancêtres, ils ont hérité un certain nombre de traits. Leurs écailles sont en effet entièrement de matières précieuses, d'où leurs noms - par contre le reste de leur corps n'a rien de minéral, contrairement aux Dragons de Diamant et aux Dragons de Cristal, et c'est cela qui amène à penser que les Dragons de Joyaux sont des descendants plus lointains que les Dragons de Diamant. On perçoit l'écho lointain de la civilisation chez les Dragons de Joyaux, qui sont quasiment tous capables de s'exprimer vocalement en oneirien, et probablement dans une langue connue des seuls Dragons - on peut rappeler que l'existence d'une langue pratiquée par tous les Dragons, avec des déformations dialectales, est toujours débattue.
Les Dragons de Joyaux sont aussi ceux qui supportent le mieux la fréquentation des autres races, notamment les Humains ; et cela explique qu'ils se soient liés depuis fort longtemps (plusieurs siècles parfois) avec des grandes familles qui s'engagent à les protéger en échange de la présence d'un des leurs à leur cour. Les trois familles de Dragons de Joyaux se sont ainsi liées à trois parties du continent, le Damirë pour les Dragons d'Emeraude, le Mëgen pour les Dragons de Saphir et le Daëgen pour les Dragons de Rubis. Dans les cours, les Dragons de Joyaux sont souvent conseillers, voire stratèges, et sont extrêmement respectés. Leur rareté, qui est due non seulement à la chasse dont ils ont été l'objet avant de passer des accords de protection, mais aussi au très faible renouvellement démographique de ces peuples, explique qu'aujourd'hui pas plus d'une vingtaine de familles royales ou princières entretiennent encore des relations avec une famille de Dragons de Joyaux, et cela même sert de mesure au pouvoir de la famille noble.
Une légende voudrait d'ailleurs que la famille de Dragons de Joyaux liée à une famille s'éteigne lorsque s'éteint le chef de la famille noble qui lui est rattachée sans descendance, ou vice-versa.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°559, eilë sinar 1041.

Le dragon de Lumière


Les Dragons de Lumière, aussi appelés de nos jours "Dragons d'Illénira", sont actuellement extrêmement peu, une douzaine. En fait, il est probable qu'ils n'aient jamais été très nombreux, car on retrouve très peu de carapaces de ces Dragons. Signalons tout de suite que ces Dragons ne sont pas, comme la rumeur le prétend, des créations d'Illénira elle-même, puisque l'on sait que leur existence était attestée dès l'an 608. Enfin, pour la réfutation de cette rumeur, nous renvoyons au numéro 34 de la revue Etude des Dragons (Laiirna, 1022).
Les Dragons de Lumière descendent sans doute en ligne directe des Dragons de Cristal, dont ils auraient conservé le goût pour les villes. Ce qui a permis d'établir cette hypothèse n'est pas le squelette des Dragons de Lumière, bien au contraire, car les Dragons de Lumière, à la différence des Dragons de Cristal, sont constitués de matières organiques plus que minérales, mais leurs affinités avec les Dragons de Diamant, dont les liens avec les Dragons de Cristal sont plus que clairs ; d'ailleurs, un Dragon de Lumière et un Dragon de Diamant volant côté à côté au soleil sont très difficilement discernables pour un ½il non entraîné. Cela dit, certains considèrent que les Dragons de Lumière pourraient également descendre des Dragons-Fées, et d'autres proposent une double ascendance des Dragons de Cristal et des Dragons-Fées - et si tel était le cas, cela signifierait que les alliances entre différentes races de Dragons peuvent être fertiles !
Les Dragons de Lumière étincèlent en permanence, le jour comme la nuit. Cette lumière ne vient pas de l'extérieur et n'est donc pas reflétée, réfractée par le Dragon (à la différence des Dragons de Cristal et de Diamant), mais elle vient de l'intérieur même du Dragon qui irradie, ce qui explique que la lumière persiste la nuit. Ce phénomène étrange demeure incompréhensible pour les savants, d'autant plus que l'on sait désormais qu'il n'y a aucun rapport avec ces insectes qui luisent la nuit des restes de la lumière du jour. La lumière des Dragons de Lumière est permanente et son intensité ne varie qu'avec l'humeur du Dragon.
Les Dragons de Lumière ne communiquent pas, mais ils comprennent ceux qui leur parlent. Ils sont extrêmement rapides, et peuvent couvrir des distances incroyables en un laps de temps très court. Cela explique qu'ils soient employés comme messagers. Assez étrangement, les Dragons de Lumière se sont regroupés à Illéranyne après sa fondation, et se sont mis tacitement au service d'Illénira dès les premières années. Sans vouloir accorder un quelconque crédit à la légende fort connue de tous sur l'allégeance des Dragons de Lumière à Illénira (et avant elle à Elira, selon les légendes anciennes), il faut reconnaître qu'il existe un lien entre Illénira et ces Dragons, qu'elle a désormais placé sous la protection exclusive d'Illéranyne. Les Dragons de Lumière sont donc devenus les messagers d'Illéranyne et permettent ainsi au Synode d'être efficace rapidement en véhiculant les informations plus vite que n'importe quel messager - seule la Magie est plus rapide.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°560, eilä sinar 1041.

Le dragon de Nacre


Les Dragons de Nacre, seuls Domestiques qui vivent dans un environnement marin (et en cela ils descendent certainement des Dragons de Perles), sont désormais presque éteints. En effet, ils ont toujours été chassés tant leurs écailles représentent pour les chasseurs de trésors marins ; car il faut se rappeler que le nacre est, outre une matière très précieuse, extrêmement rare, à tel point qu'un Dragon de Nacre en recèle plus que tous les coquillages d'une côte de nombreux élans de long ! La carcasse d'un Dragon de Nacre représente donc une quantité d'argent plus que suffisante pour qu'une famille puisse vivre aisément toute leur vie... Et dans la mesure où ces Dragons n'ont pas passé de pacte avec des familles puissantes qui les protégeraient, à la différence des Dragons de Joyaux, et ne possèdent pas de moyens de défense, ils sont particulièrement exposés et vulnérables. Ce n'est que ses dernières années que le Synode d'Illéranyne a pris des mesures contre la traque impitoyable à laquelle ces Dragons sont exposés, notamment en créant une zone protégée dans l'archipel d'Illéranyne ; cette mesure est toutefois encore d'une efficacité limitée, car on trouve peu de Dragons de Nacre dans cette région.
Les Dragons de Nacre, en effet, sont de grands solitaires, et même à l'époque où ils étaient nombreux, on estime qu'ils vivaient très espacés les uns des autres, excepté en période de reproduction, durant laquelle les Dragons se rassemblent dans la baie d'Olyn'Eralyn. Mais le cycle de reproduction étant de plusieurs décennies, cela n'a guère de réel impact : en une cinquantaine d'années (durée de vie moyenne d'un Domestique), on estime qu'un Dragon de Nacre adulte passe cinq ans entouré de ses parents, puis deux fois cinq ans au maximum en famille, soit avec le partenaire et l'enfant (il n'y a qu'un enfant par portée). Le restant de sa vie, un Dragon de Nacre le passe dans un isolement complet, à l'intérieur d'une grotte immergée dont l'accès est sous-marin, nichée dans une côte. Dans cette grotte, les Dragons de Nacre accumulent généralement un trésor marin, constitué de perles, de coquillages, de coraux, d'objets récupérés dans les navires qui ont coulé et, ce n'est pas là le moindre des trésors, les dépouilles d'autres Dragons de Nacre trouvées après leur mort. En fait, on pense qu'il est possible qu'un Dragon de Nacre désigne ainsi un héritier de sa dépouille, ce qui permettrait d'éviter la dispersion des plus précieuses possessions des Dragons de Nacre. Et cette concentration de richesses chez les Dragons vivants n'attire que plus les chasseurs de trésors...

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°561, eilï sinar 1041.