A voir au Daafeld
Le Champ des Epées
'ai fait bien des voyages, foulé bien des sites, contemplé bien des merveilles... Le Champ des Epées n'est ni le lieu le plus grandiose ni même le plus émouvant de tous ceux que j'ai visités, mais je crois n'avoir jamais ressenti plus grande solennité qu'aux abords de cet endroit unique.
Il faut marcher beaucoup en un pays sauvage par bien des aspects pour découvrir le Champ des Epées et pourtant, quel guerrier n'en a jamais entendu parler ?
Ce site sacré se situe dans les Marches du Daafeld, plus précisément dans ce lieu préservé qu'est la forêt de Lumä entre le très beau lac Fëo, la paisible Enarë et le point où la Sidd et le Rilë se rejoignent. Ce bois à lui seul mériterait un voyage. Antique, la forêt de Lumä est faite d'arbres aux fûts interminables, au sous-bois enchanteur tapissé d'une herbe du vert le plus intense qui se puisse imaginer. On croit y entendre les échos de murmures antiques, on y entrevoit du coin de l'½il mille sévères esprits aux aguets, on y respire une paix plus désirée que nulle part ailleurs. Qui peut se figurer qu'ici sévît jadis tant d'horreur et de combats ?
Le Champ des Epées est étrangement nommé. Il ne s'agit nullement d'un champ, qui présagerait un vaste espace dégagé, mais d'une succession de clairières plus ou moins étendues parsemées de rochers figurant de grosses bêtes endormies dont le dos est caressé par un soleil tendre. On y sent danser la magie, on y sent respirer Sevelan et je mets au défi n'importe quel voyageur de s'y rendre sans se trouver tout à coup d'humeur grave et solennelle. Nul ne cause aux abords du Champ des Epées. On y marche à pas lent et précautionneux, on s'y glisse en silence comme si l'on était soi-même un spectre, l'ombre d'un autre temps, le réceptacle de souvenirs millénaires. En voyant les épées, le c½ur se pince, le frisson monte... Pourquoi sommes-nous là ? Notre propre âme chercherait-elle l'écho d'un vieux serment ? Et si, tout à coup, cette vieille épée empierrée nous rappelait tout une mémoire oubliée, un serment jadis prononcé ? Car voilà ce qu'est le Champ des Epées : le cimetière de promesses guerrières en attente de résurrection.
Les rares habitants de la forêt de Lumä vous conteront la triste Bataille des Etoiles qui acheva par un massacre la terrible Guerre de Mereth au troisième siècle et opposa l'armée mëgenne aux renégats sans pitié qui se faisaient appeler les C½urs-de-Feu. On vous parlera des blancs étendards que brandissaient les chevaliers de la princesse Lennë, on vous parlera de leurs épées brillantes à la poignée d'argent étoilé, on vous parlera des méfaits effroyables que perpétraient les C½urs-de-Feu et de la terreur qu'ils répandaient dans ce pays paisible, on vous dira comment ils ont capturé, torturé et tué la princesse, comment elle fut vengée par son armée qui y laissa jusqu'à son dernier guerrier. On vous dira que pas un n'est mort sans avoir d'abord planté dans le sol son épée et promis de revenir se venger. Voilà ce que vous verrez dans le Champ des Epées : les armes des chevaliers de la princesse Lennë, reconnaissables à la petite étoile qui orne leur poignée ternie, usée par les siècles, à l'assaut desquelles montent de petites plantes grimpantes et qui servent de perchoir aux plus charmants oiseaux.
Quand le vent souffle fort en hiver, les épées se mettent à danser, oscillent à son souffle et pourtant, nul homme, nulle femme, n'a jamais pu retirer du sol une seule épée étoilée. Seuls, dit-on, les véritables chevaliers de la princesse Lennë en seront capables et nul ne doute, dans la forêt de Lumä, que si les C½urs-de-Feu renaissaient, mille guerriers prendraient corps pour reformer une armée.
La Guerre de Mereth s'acheva il y a plus de sept cent ans. Trois mille cent cinquante-trois épées étoilées ornent le Champ des Epées, mais beaucoup, beaucoup d'autres peuvent y être observées. Des épées d'or, d'acier, d'argent, de pierre et même, je l'ai vue, une épée de bois à demi fossilisée... C'est que nous sommes là sur le lieu de pèlerinage de bien des guerriers qui s'en viennent y planter leur épée et prêter le serment de revenir la chercher, dans une vie prochaine, s'engageant à poursuivre leur combat. Nul n'oserait, je vous en fait le serment, mettre en doute la magie qui règnent ici après avoir foulé le sol du Champ des Epées : je crois, je sais, que si j'avais commis le sacrilège de porter la main sur la garde d'une seule épée, qu'elle fût ou non étoilée, toutes mes forces n'auraient jamais suffi à l'arracher de la terre dans laquelle elle est plantée. Je sais aussi que l'on ressent un trouble étrange, une secrète angoisse, à s'imaginer tout à coup son propre destin renversé. Si j'avais, là , reconnu mon épée, si je l'avais touchée, ma vie aurait été emportée par un engagement sacré. Le mien, et celui d'un autre... Des vies, murmure-t-on dans la forêt de Lumä, furent ainsi brisées, et d'autres soudainement réparées lorsque les voyageurs, muets dans la clairière, reconnurent dans leur c½ur la voix de leur épée.
Il faut marcher beaucoup en un pays sauvage par bien des aspects pour découvrir le Champ des Epées et pourtant, quel guerrier n'en a jamais entendu parler ?
Ce site sacré se situe dans les Marches du Daafeld, plus précisément dans ce lieu préservé qu'est la forêt de Lumä entre le très beau lac Fëo, la paisible Enarë et le point où la Sidd et le Rilë se rejoignent. Ce bois à lui seul mériterait un voyage. Antique, la forêt de Lumä est faite d'arbres aux fûts interminables, au sous-bois enchanteur tapissé d'une herbe du vert le plus intense qui se puisse imaginer. On croit y entendre les échos de murmures antiques, on y entrevoit du coin de l'½il mille sévères esprits aux aguets, on y respire une paix plus désirée que nulle part ailleurs. Qui peut se figurer qu'ici sévît jadis tant d'horreur et de combats ?
Le Champ des Epées est étrangement nommé. Il ne s'agit nullement d'un champ, qui présagerait un vaste espace dégagé, mais d'une succession de clairières plus ou moins étendues parsemées de rochers figurant de grosses bêtes endormies dont le dos est caressé par un soleil tendre. On y sent danser la magie, on y sent respirer Sevelan et je mets au défi n'importe quel voyageur de s'y rendre sans se trouver tout à coup d'humeur grave et solennelle. Nul ne cause aux abords du Champ des Epées. On y marche à pas lent et précautionneux, on s'y glisse en silence comme si l'on était soi-même un spectre, l'ombre d'un autre temps, le réceptacle de souvenirs millénaires. En voyant les épées, le c½ur se pince, le frisson monte... Pourquoi sommes-nous là ? Notre propre âme chercherait-elle l'écho d'un vieux serment ? Et si, tout à coup, cette vieille épée empierrée nous rappelait tout une mémoire oubliée, un serment jadis prononcé ? Car voilà ce qu'est le Champ des Epées : le cimetière de promesses guerrières en attente de résurrection.
Les rares habitants de la forêt de Lumä vous conteront la triste Bataille des Etoiles qui acheva par un massacre la terrible Guerre de Mereth au troisième siècle et opposa l'armée mëgenne aux renégats sans pitié qui se faisaient appeler les C½urs-de-Feu. On vous parlera des blancs étendards que brandissaient les chevaliers de la princesse Lennë, on vous parlera de leurs épées brillantes à la poignée d'argent étoilé, on vous parlera des méfaits effroyables que perpétraient les C½urs-de-Feu et de la terreur qu'ils répandaient dans ce pays paisible, on vous dira comment ils ont capturé, torturé et tué la princesse, comment elle fut vengée par son armée qui y laissa jusqu'à son dernier guerrier. On vous dira que pas un n'est mort sans avoir d'abord planté dans le sol son épée et promis de revenir se venger. Voilà ce que vous verrez dans le Champ des Epées : les armes des chevaliers de la princesse Lennë, reconnaissables à la petite étoile qui orne leur poignée ternie, usée par les siècles, à l'assaut desquelles montent de petites plantes grimpantes et qui servent de perchoir aux plus charmants oiseaux.
Quand le vent souffle fort en hiver, les épées se mettent à danser, oscillent à son souffle et pourtant, nul homme, nulle femme, n'a jamais pu retirer du sol une seule épée étoilée. Seuls, dit-on, les véritables chevaliers de la princesse Lennë en seront capables et nul ne doute, dans la forêt de Lumä, que si les C½urs-de-Feu renaissaient, mille guerriers prendraient corps pour reformer une armée.
La Guerre de Mereth s'acheva il y a plus de sept cent ans. Trois mille cent cinquante-trois épées étoilées ornent le Champ des Epées, mais beaucoup, beaucoup d'autres peuvent y être observées. Des épées d'or, d'acier, d'argent, de pierre et même, je l'ai vue, une épée de bois à demi fossilisée... C'est que nous sommes là sur le lieu de pèlerinage de bien des guerriers qui s'en viennent y planter leur épée et prêter le serment de revenir la chercher, dans une vie prochaine, s'engageant à poursuivre leur combat. Nul n'oserait, je vous en fait le serment, mettre en doute la magie qui règnent ici après avoir foulé le sol du Champ des Epées : je crois, je sais, que si j'avais commis le sacrilège de porter la main sur la garde d'une seule épée, qu'elle fût ou non étoilée, toutes mes forces n'auraient jamais suffi à l'arracher de la terre dans laquelle elle est plantée. Je sais aussi que l'on ressent un trouble étrange, une secrète angoisse, à s'imaginer tout à coup son propre destin renversé. Si j'avais, là , reconnu mon épée, si je l'avais touchée, ma vie aurait été emportée par un engagement sacré. Le mien, et celui d'un autre... Des vies, murmure-t-on dans la forêt de Lumä, furent ainsi brisées, et d'autres soudainement réparées lorsque les voyageurs, muets dans la clairière, reconnurent dans leur c½ur la voix de leur épée.
Curiosités antiques et magiques, par Luor'Abënn.
Le Temple des Mille Prières
e Delminva, mieux connu sous les noms de Temple des Mille Prières, Temple des Dalles bleues ou Temple des Rivières fut probablement le complexe cultuel le plus vaste jamais bâti sur les terres d'Oneira. On le trouve au coeur de la région du Sartyon, non loin des ruines d'Isterön. Datant vraisemblablement des millénaires ayant assisté à l'épanouissement du grand Empire d'Andyr, il était composé d'un temple gigantesque et de trois cent quatre-vingt-huit édifices "secondaires" répartis ainsi : trois-cent tertres, quatre-vingt sanctuaires à un étage surmontés d'une plate-forme, et huit tours de forme et de hauteur distinctes (à base ronde, carrée ou octogonale, à trois ou huit niveaux) également coiffées d'une terrasse. Ces édifices, reliés entre eux par de larges sentiers de pierres, émergeaient au coeur d'un gigantesque lac artificiel appelé Sigiles (qu'on traduit généralement par "celui qui contemple" ou "celui que l'on contemple", de sigili, contempler), aux eaux sacrées sur lesquelles un barde aujourd'hui anonyme écrivit : "ses eaux brillantes comme les étoiles de Délomaque étaient un nectar qui nous plongeait dans l'extase, les poissons qui y nageaient avaient l'apparence de joyaux décorés d'or et d'argent ; un chant montait de ses profondeurs limpides, plus magnifique que celui des fées, et nous savions que nous étions bénis".
Chacune des trois cent quatre-vingt-huit terrasses du Delminva était destinée à une prière spécifique (pour une longue vie, pour de bonnes récoltes, pour le bonheur, l'honneur ou le courage, pour obtenir de la pluie, pour être protégé du feu, etc.). Pavées de pierre bleue incrustée d'argent selon des motifs uniques et complexes composés de volutes, de pictogrammes, de combinaisons de chiffres ou autres, ces terrasses recelaient un symbole unique dont certains sont encore visibles aujourd'hui, mais, accidentellement ou volontairement détruits, ils sont inertes et inopérants. La légende veut que toutes les prières prononcées sur les terrasses du Delminva obtenaient une réponse positive et que c'est l'utilisation abusive de ces miracles qui aurait précipité la chute de l'Empire d'Andyr (des études menées au cours du siècle dernier rendent d'ailleurs ce mythe plausible : l'on sait que l'une des raisons de la puissance d'Andyr résida dans l'exploitation déraisonnable de sources de magie, or l'une d'entre elles aurait fort bien pu se situer sous le Delminva, et les prétendues prières qu'on y formulait n'étaient peut-être en réalité que des mots de pouvoir destinés à ployer la magie à un ordre spécifique ; de fait, certains motifs des terrasses bleues, une fois reconstitués, paraissent agir sur la magie d'une façon similaire aux pictogrammes).
De nos jours, le Delminva n'existe plus qu'à l'état de ruines. Partiellement englouti par la terre vorace et capricieuse du Daafeld qui a ouvert d'immenses gouffres au coeur même du vieux temple, il est d'autant plus difficile à approcher qu'un groupe de chevaliers du prestigieux Ordre des Dalles Bleues veille à ce que nul ne tente d'y prier ou d'y voler un morceau de la mystérieuse pierre bleue dont on ignore totalement l'origine : différente de la kahrune pyrelienne, seule autre roche de couleur similaire, on n'en a retrouvé aucun gisement en Oneira et on ne la retrouve nulle part ailleurs sauf en Tor-Keralm où une Pierre d'oeil, dite Kahkitrien, a été taillée dans cette même pierre et est conservée à l'abri des regards dans un sanctuaire de la cité de Tol'Taren. L'on peut toutefois apercevoir, en regardant vers le sud-est depuis les ruines d'Isterön, le grand temple central, l'Isenkyl (le Père des Joyaux), dont toutes les entrées ont été irrémédiablement scellées, et les trois tours qui demeurent encore debout : Na'Matedan, la tour du courage, Na'Daam, la tour de la grandeur, Na'Menel, la tour de la persévérance et Na'Lug, la tour de la connaissance, la plus grande des quatre.
On ignore à peu près tout de la destruction du Temple des Mille Prières, la seule certitude étant qu'elle eut lieu avant l'An 0. D'aucuns disent qu'il fut démantelé par l'empire d'Andyr lui-même, effrayé trop tardivement par sa puissance, d'autres qu'il fut l'enjeu d'une des batailles qui opposa l'empire d'Andyr à celui de Thard au cours de la grande Guerre d'Andyr, d'autres enfin soutiennent que le temple, devenu instable, se détruisit de lui-même et que les eaux subitement répandues du Sigiles furent à l'origine des rivières semi-souterraines et des crevasses qui font la particularité de cette région du Daafeld. Dans tous les cas, il semble que nul ne tenta jamais de rebâtir le Delminva. Tout au contraire, les entrées de l'Isenkyl furent murées et scellées magiquement, tous les pictogrammes martelés sur les terrasses et des hommes de valeur envoyés pour protéger les lieux de toute intrusion.
Chacune des trois cent quatre-vingt-huit terrasses du Delminva était destinée à une prière spécifique (pour une longue vie, pour de bonnes récoltes, pour le bonheur, l'honneur ou le courage, pour obtenir de la pluie, pour être protégé du feu, etc.). Pavées de pierre bleue incrustée d'argent selon des motifs uniques et complexes composés de volutes, de pictogrammes, de combinaisons de chiffres ou autres, ces terrasses recelaient un symbole unique dont certains sont encore visibles aujourd'hui, mais, accidentellement ou volontairement détruits, ils sont inertes et inopérants. La légende veut que toutes les prières prononcées sur les terrasses du Delminva obtenaient une réponse positive et que c'est l'utilisation abusive de ces miracles qui aurait précipité la chute de l'Empire d'Andyr (des études menées au cours du siècle dernier rendent d'ailleurs ce mythe plausible : l'on sait que l'une des raisons de la puissance d'Andyr résida dans l'exploitation déraisonnable de sources de magie, or l'une d'entre elles aurait fort bien pu se situer sous le Delminva, et les prétendues prières qu'on y formulait n'étaient peut-être en réalité que des mots de pouvoir destinés à ployer la magie à un ordre spécifique ; de fait, certains motifs des terrasses bleues, une fois reconstitués, paraissent agir sur la magie d'une façon similaire aux pictogrammes).
De nos jours, le Delminva n'existe plus qu'à l'état de ruines. Partiellement englouti par la terre vorace et capricieuse du Daafeld qui a ouvert d'immenses gouffres au coeur même du vieux temple, il est d'autant plus difficile à approcher qu'un groupe de chevaliers du prestigieux Ordre des Dalles Bleues veille à ce que nul ne tente d'y prier ou d'y voler un morceau de la mystérieuse pierre bleue dont on ignore totalement l'origine : différente de la kahrune pyrelienne, seule autre roche de couleur similaire, on n'en a retrouvé aucun gisement en Oneira et on ne la retrouve nulle part ailleurs sauf en Tor-Keralm où une Pierre d'oeil, dite Kahkitrien, a été taillée dans cette même pierre et est conservée à l'abri des regards dans un sanctuaire de la cité de Tol'Taren. L'on peut toutefois apercevoir, en regardant vers le sud-est depuis les ruines d'Isterön, le grand temple central, l'Isenkyl (le Père des Joyaux), dont toutes les entrées ont été irrémédiablement scellées, et les trois tours qui demeurent encore debout : Na'Matedan, la tour du courage, Na'Daam, la tour de la grandeur, Na'Menel, la tour de la persévérance et Na'Lug, la tour de la connaissance, la plus grande des quatre.
On ignore à peu près tout de la destruction du Temple des Mille Prières, la seule certitude étant qu'elle eut lieu avant l'An 0. D'aucuns disent qu'il fut démantelé par l'empire d'Andyr lui-même, effrayé trop tardivement par sa puissance, d'autres qu'il fut l'enjeu d'une des batailles qui opposa l'empire d'Andyr à celui de Thard au cours de la grande Guerre d'Andyr, d'autres enfin soutiennent que le temple, devenu instable, se détruisit de lui-même et que les eaux subitement répandues du Sigiles furent à l'origine des rivières semi-souterraines et des crevasses qui font la particularité de cette région du Daafeld. Dans tous les cas, il semble que nul ne tenta jamais de rebâtir le Delminva. Tout au contraire, les entrées de l'Isenkyl furent murées et scellées magiquement, tous les pictogrammes martelés sur les terrasses et des hommes de valeur envoyés pour protéger les lieux de toute intrusion.
Extrait du Chapitre des Eaux des Nobles Parcours de Tugior de Kelarë.