La Guilde des Assassins et les Faiseurs de Mort
'il est une guilde dont on sait peu de choses, c'est bien la Guilde des Assassins. Personne n'en connaît de membre et pourtant, tous les riches comploteurs d'Oneira savent où la trouver. La réputation de cette Guilde n'est plus à faire : experts en meurtres en tout genre, moyennant une somme généralement très conséquente, les assassins acceptent tous types de contrats concernant tous types de personnages et émanant de n'importe quel commanditaire.
De l'organisation interne de la Guilde, seules quelques bribes sont connues, essentiellement par le biais du célèbre ouvrage Le dernier Mot qui révèle, par exemple, la hiérarchie stricte qui lie tous les membres de la Guilde (avec, au plus haut de l'échelle, les fameux "Faiseurs de Mort"), le culte du secret omniprésent, et surtout l'importance du "Code", un petit livre que l'on peut consulter dans la plupart des grandes bibliothèque. Ce Code de la Guilde des Assassins indique notamment que "un assassin jamais ne devra voler sa victime" Ou encore :
"Si un contrat est signé, il existe trois manières de s'en défaire :
A l'initiative des deux parties, il faut exécuter le contrat.
A l'initiative de l'assassin : il doit mourir.
A l'initiative du contractant : il doit payer la somme normalement due pour l'exécution du contrat et renoncer à tout futur contrat. "
Ou enfin cette dernière règle : "Nul autre que l'objet du contrat de disparaîtra par ta main".A l'initiative des deux parties, il faut exécuter le contrat.
A l'initiative de l'assassin : il doit mourir.
A l'initiative du contractant : il doit payer la somme normalement due pour l'exécution du contrat et renoncer à tout futur contrat. "
Il existe ainsi une centaine de règles qu'un assassin ne doit en aucun cas violer. Si un assassin ne respecte pas le code, tous ses confrères "ont le droit, pour ne pas dire le devoir, de tuer le contrevenant, car le Code est ce qui sépare l'assassin du meurtrier, l'homme de l'animal".
Les Faiseurs de Mort sont des assassins, parvenus au stade le plus élevé de la Guilde. Les légendes à leur sujet sont nombreuses et il est de notoriété publique que des récits sur leur compte, un tiers est faux, un tiers est en deçà de la vérité, et un dernier tiers, fidèle à la réalité, n'est connu que des assassins eux-mêmes.
Faire appel à un Faiseur de Mort, expert dans son domaine, s'avère aussi efficace que cher, car ils sont réputés parfaitement infaillibles. Chaque Faiseur de Mort possède une signature identifiable, afin chacun de leurs crimes puisse clairement leur être imputé. Ainsi, l'on sait qu'en Ar'Nok et en Ar'Thard, entre 945 et 946, vingt sept crimes ont été commis par un assassin surnommé "le Vif-Coeur", du nom du poison qui lui servait de signature.
Les Faiseurs de Mort sont également considérés comme les gardiens du "Code" qui sert de référence à la Guilde. Si au cours de l'histoire de la Guilde, certains dirigeants ont été tentés de s'en écarter, il n'ont jamais vécu assez longtemps pour rééditer ce petit livre.
Un grand mystère plane depuis toujours autour de la Guilde des Assassins et, plus encore, autour des Faiseurs de Mort. En ce qui concerne le nom du chef de la Guilde, ou encore sa localisation, il faut avoir atteint un niveau conséquent dans la hiérarchie pour espérer obtenir ne serait-ce que quelques bribes d'informations. Une seule personne qui n'ait été membre de la Guilde des Assassins fut autorisée à en approcher. Il s'agit de Kitor-Alvö qui pénétra la Guilde et fit preuve de suffisamment d'aplomb pour obtenir de certains assassins qu'il publie certaines de ses observations dans le célèbre Le dernier Mot. Kitor-Alvö a cependant disparu au cours de l'année 951, peu avant la parution de son livre dont voici un extrait :
"- En fait, je ne suis pas un vulgaire assassin que l'on paye quelques piécettes pour bâcler un crime quelconque et sans importance. Je suis un Faiseur de Mort.
L'assemblée retint son souffle à ces mots. Un Faiseur de Mort... Tout le monde a entendu parler de ces histoires dans lesquelles un homme seul arrive à déjouer les défenses de tout un palais, à tuer son roi et à repartir sans jamais avoir été entraperçu. De notoriété publique, quelqu'un qui signe un contrat avec un Faiseur de Mort a tué sa victime bien plus sûrement qu'en lui enfonçant un poignard dans le ventre.
La Guilde des Assassins possède un code de l'honneur particulier, et les Faiseurs de Mort en sont les gardiens. Quand un contrat est signé, les termes doivent en être respectés, ni plus, ni moins. La cible doit mourir, et le paiement être fait en temps et en heure. Aucune victime collatérale, aucun vol chez la cible, et une signature identifiable. Une fois le contrat signé, l'assassin ne peut se dérober sans y laisser sa vie. Et le contractant ne peut l'annuler qu'en payant l'intégralité de ce qui était promis, et en renonçant à tout jamais à signer un autre contrat. Il existe une frontière intangible entre avant la signature et après. Avant, l'assassin est libre, il peut poser autant de question qu'il le souhaite, négocier, aller se vendre au plus offrant, ou au plus noble, ou au plus influent. Mais une fois le contrat signé, il ne s'agit plus que de tuer. On ne négocie pas avec un assassin qui a signé un contrat. Car pour l'assassin même, s'il faillit, c'est s'attirer l'opprobre de ces congénères. Ceux-là sont marqués du signe du traître et un contrat universel est posé sur leur tête. N'importe quel assassin a le droit, pour ne pas dire le devoir, de le tuer et ainsi, la plupart du temps, de gagner un statut supérieur de la Guilde.
- Vous m'avez fait mander, qui désirez-vous voir disparaître ?
- Dar.
- Dar ? Voila qui est original.
- L'argent n'est pas un problème.
Le Faiseur de mort resta silencieux un moment, évaluant la situation, jaugeant son interlocuteur, parcourant des yeux son auditoire. Puis, après une minute qui en avait paru vingt :
- Savez vous comment j'ai fait pour devenir un Faiseur de Mort et pas un assassin mort ?
- En assassinant un tas de gens dans leur sommeil plutôt qu'en face ?
- J'en ai tué de face, et de dos. Avec du poison, avec des armes, avec des mots. Non, si je vis encore, c'est que j'ai toujours eu la sagesse de traiter avec des gens suffisamment malins pour survivre et me payer. Tuer Dar... Vous savez, en fait, je crois que vous êtes déjà mort.
- Alors votre réputation est usurpée ? Vous auriez peur ?
- Non. Mais sans aller jusqu'à trahir un confrère, je ne suis pas le seul Faiseur de Mort dans cette salle. Et au vu de la teneur du contrat que vous me proposez... Je crois que je prends peu de risques si j'affirme savoir qui l'a envoyé, et pourquoi. Avez vous bu du vin récemment ?
- Quoi ? Que... je...
Et l'homme s'effondra.
- J'adore ce poison. Il se distille dans le sang et provoque une mort instantanée au premier stress cardiaque. Je ne connais qu'un seul assassin qui l'utilise systématiquement, quelle admirable signature. Je te salue ! Et passe mes amitiés à Dar.
Et l'assassin reparti, sans un mot de plus, laissant derrière lui une assemblée médusée, un mort, et un confrère ravi."
L'assemblée retint son souffle à ces mots. Un Faiseur de Mort... Tout le monde a entendu parler de ces histoires dans lesquelles un homme seul arrive à déjouer les défenses de tout un palais, à tuer son roi et à repartir sans jamais avoir été entraperçu. De notoriété publique, quelqu'un qui signe un contrat avec un Faiseur de Mort a tué sa victime bien plus sûrement qu'en lui enfonçant un poignard dans le ventre.
La Guilde des Assassins possède un code de l'honneur particulier, et les Faiseurs de Mort en sont les gardiens. Quand un contrat est signé, les termes doivent en être respectés, ni plus, ni moins. La cible doit mourir, et le paiement être fait en temps et en heure. Aucune victime collatérale, aucun vol chez la cible, et une signature identifiable. Une fois le contrat signé, l'assassin ne peut se dérober sans y laisser sa vie. Et le contractant ne peut l'annuler qu'en payant l'intégralité de ce qui était promis, et en renonçant à tout jamais à signer un autre contrat. Il existe une frontière intangible entre avant la signature et après. Avant, l'assassin est libre, il peut poser autant de question qu'il le souhaite, négocier, aller se vendre au plus offrant, ou au plus noble, ou au plus influent. Mais une fois le contrat signé, il ne s'agit plus que de tuer. On ne négocie pas avec un assassin qui a signé un contrat. Car pour l'assassin même, s'il faillit, c'est s'attirer l'opprobre de ces congénères. Ceux-là sont marqués du signe du traître et un contrat universel est posé sur leur tête. N'importe quel assassin a le droit, pour ne pas dire le devoir, de le tuer et ainsi, la plupart du temps, de gagner un statut supérieur de la Guilde.
- Vous m'avez fait mander, qui désirez-vous voir disparaître ?
- Dar.
- Dar ? Voila qui est original.
- L'argent n'est pas un problème.
Le Faiseur de mort resta silencieux un moment, évaluant la situation, jaugeant son interlocuteur, parcourant des yeux son auditoire. Puis, après une minute qui en avait paru vingt :
- Savez vous comment j'ai fait pour devenir un Faiseur de Mort et pas un assassin mort ?
- En assassinant un tas de gens dans leur sommeil plutôt qu'en face ?
- J'en ai tué de face, et de dos. Avec du poison, avec des armes, avec des mots. Non, si je vis encore, c'est que j'ai toujours eu la sagesse de traiter avec des gens suffisamment malins pour survivre et me payer. Tuer Dar... Vous savez, en fait, je crois que vous êtes déjà mort.
- Alors votre réputation est usurpée ? Vous auriez peur ?
- Non. Mais sans aller jusqu'à trahir un confrère, je ne suis pas le seul Faiseur de Mort dans cette salle. Et au vu de la teneur du contrat que vous me proposez... Je crois que je prends peu de risques si j'affirme savoir qui l'a envoyé, et pourquoi. Avez vous bu du vin récemment ?
- Quoi ? Que... je...
Et l'homme s'effondra.
- J'adore ce poison. Il se distille dans le sang et provoque une mort instantanée au premier stress cardiaque. Je ne connais qu'un seul assassin qui l'utilise systématiquement, quelle admirable signature. Je te salue ! Et passe mes amitiés à Dar.
Et l'assassin reparti, sans un mot de plus, laissant derrière lui une assemblée médusée, un mort, et un confrère ravi."
Extrait de Parole d'Assassin, par Lageran