Les Ancêtres



Dragon, par Imcy.

Le dragon d'Airain


Des Ancêtres, ils sont ceux dont l'extinction a été la plus tardive, par conséquent ceux qui nous sont les plus familiers, car ils sont bien rares les contes où n'apparaissent pas les Dragons d'Airain. Véritables cuirassés volants, ils inspirent le respect et l'effroi ; nous nous devons d'en parler encore au présent, puisqu'il s'en trouve encore quelques spécimens, quelques centaines, peut-être, qui survolent Oneira. Et, bien que ces Dragons actuels se différencient par bien des points de leurs aïeuls, cette race n'en reste pas moins la seule des Ancêtres qui a su traverser les âges. Nous reviendrons par la suite sur les spécimens actuels et nous consacrerons dans un premier temps à l'étude des premiers Dragons d'Airain, qui vivaient du temps où les Ancêtres dominaient Oneira toute entière.
Dotés d'une constitution moindre, de peu, que celle des Dragons de Pierre, les Dragons d'Airain se présentaient toutefois comme de gigantesques Dragons. Contrairement à d'autres, ils n'étaient pas recouverts d'écailles mais bel et bien de plaques dures à composition métallique, d'où leur nom de Dragons d'Airain. Ces Dragons étaient extrêmement impressionnants, autant, sans doute, que les Dragons d'Obsidienne ; leur mâchoire était particulièrement développée, et les dents qui les ornaient, comme forgées dans des métaux tranchants, ne le cédaient en matière de dureté qu'à leurs griffes. Tout en eux hurlait leur passion du combat.
Et, machines de guerre parfaites, ils s'y employaient abondamment. Non pas entre eux, car ils présentaient une union étroite et étrange de l'avis des observateurs extérieurs, et tous les combats qui avaient lieu entre les Dragons d'Airain - qui étaient bien plus que fréquents ! - tenaient lieu d'entraînement. Les Dragons d'Airain ne cherchaient pas non plus querelle aux autres Dragons - les Ancêtres ne se déchiraient pas entre eux, ou alors, si nous devons en croire les légendes, cela survint une fois et une fois seulement, mais faisons abstraction de cette éventualité ici - mais bel et bien aux autres créatures d'Oneira. Remarquons toutefois qu'ils se contentaient de soumettre tous les peuples rencontrés pour l'amour du combat, et que sitôt la guerre terminée, ils se dépêchaient de trouver un nouvel adversaire qu'ils pourraient tester - et abandonnaient là les vaincus, qui malheureusement, à leur goût, ne pouvaient pas panser leurs blessures, car les Dragons d'Obsidienne ne tardaient pas à faire leur apparition, comme nous le verrons plus tard. L'histoire ne dit pas si les Dragons d'Airain perdirent une seule guerre, mais les données manquent à ce sujet, les relations avec eux - comme avec toutes les races de Dragons - n'ayant jamais été fort soutenues, et le plus souvent les meilleurs contacts que les sociétés humanoïdes estimaient avoir avec eux étaient ceux qui n'impliquaient, justement, aucun contact.
Quoiqu'il en soit, les Dragons d'Airain étaient de formidables combattants, les meilleurs, peut-être, qui vécurent jamais sur Oneira. Leur race comptait peu de Mages, puisque, finalement, ils n'en avaient pas vraiment besoin, et, durant les plus grandes de leurs campagnes, ils faisaient appel, parfois, à la maîtrise des arts occultes des Dragons d'Obsidienne, voire d'Or. Il faut préciser que les Dragons d'Airain d'antan ne crachaient pas de feu, comme le firent par la suite leurs descendants, auxquels nous allons à présent nous intéresser.
Seule race d'Ancêtres à avoir à peu près traversé les âges, quelques centaines, au maximum, de Dragons d'Airain vivent encore sur Oneira, bien que les spécimens que nous connaissons aujourd'hui soient bien différents de ceux d'antan. Les Dragons de nos chansons sont, le plus souvent, les descendants de la race de ces formidables guerriers d'airain.
Les individus, tout comme la société, ont profondément évolué. Au niveau de l'ossature, notamment, les Dragons d'Airain ont perdu beaucoup en taille, et eussent été considérés comme de très petits représentants s'ils avaient vécu jadis. En perdant en taille et en poids, toutefois, ils y ont gagné beaucoup en vitesse. Nos Dragons d'Airain crachent désormais du feu, ce qui est peut-être un signe d'abâtardissement de la race, résultant sans doute d'un croisement à quelque moment avec des Dragons de Feu - ce qui est peu probable - ou d'Obsidienne - ce qui l'est plus, puisque les relations entre les deux communautés existaient. Enfin, les prodigieuses facultés de combat des anciens Dragons d'Airain ont décliné au fur et à mesure que la race s'amenuisait, car les Dragons, moins nombreux, ne pouvaient mener de grandes batailles, perdant alors leur entraînement. Ils n'en demeurent pas moins redoutables - et redoutés dans toutes les contrées du monde connu.
Mais ce n'est pas au niveau des corps que les plus grandes mutations sont apparues : dans la société des Dragons d'Airain, des changements attestent du bouleversement subi par les mentalités elles-mêmes. Petit à petit, l'organisation clanique a disparu. Il faut rappeler que les Dragons d'Airain s'organisaient en une dizaine de clans qui réunissaient parfois jusqu'à plusieurs milliers de membres. A présent, l'organisation s'apparente à un régime familial ; les familles comptent tout au plus une dizaine d'individus et, de plus en plus, des Dragons se retirent dans la solitude, suivant l'exemple de leurs lointains cousins, les Dragons d'Or.
Les clans étaient menés par plusieurs chefs de guerre qui étaient les meilleurs guerriers et les meilleurs tacticiens du clan ; cette manière de gérer le clan permettait la diversité des points de vue. Désormais, la parole est accordée uniquement au plus vieil individu de la famille, et les autres membres ne prennent plus guère d'initiative.
D'autre part, la natalité semble être en chute libre, tandis que la durée de vie moyenne d'un Dragon d'Airain actuel dépasse de peu les deux siècles.
Pour résumer, disons que les Dragons d'Airain sont condamnés, à plus ou moins brève échéance, à disparaître.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°501, eilï sameï 1040.

Le dragon d'Améthyste


Si nous pouvions parler de créatures "naines" à propos des Ancêtres, c'est aux Dragons d'Améthyste que nous réserverions l'usage de ce qualificatif. Evidemment, ils mesuraient tout de même plusieurs tailles de hauteur, et sembleraient, à juste titre, à côté de nous, gigantesques ; en comparaison d'un Dragon d'Obsidienne, ils ne faisaient tout simplement pas le poids.
Pourvus d'écailles magnifiques couleur améthyste, ces Ancêtres n'auraient pu guerroyer - et ne l'ont sans doute jamais fait. Mais peut-être, comme le pensent certains de nos collègues, est-ce parce qu'ils n'ont pas guerroyé que leur morphologie est devenue ce que nous connaissons. Le fait est que les Dragons d'Améthyste n'eussent guère impressionné les adversaires que combattaient les Dragons d'Airain. Ils étaient d'ailleurs si peu aptes au combat qu'en guise d'armes, ils ne disposaient guère que de petites dents et de petites griffes. Contrairement à d'autres races, ils ne crachaient pas de feu, ou quoi que ce soit d'autre.
Les Dragons d'Améthyste n'auraient pu assurer leur défense seuls ; la plupart d'entre eux vivaient dont dans les magnifiques cités des Dragons de Cristal, ce dont chaque race tirait profit, comme nous l'expliquerons par la suite. Les autres demeuraient çà et là, seuls, ou bien en compagnie d'autres Ancêtres - principalement des Dragons d'Or, de Cristal, ou d'Argent d'après ce que nous en savons, car ils n'aimaient guère leurs frères d'Obsidienne ou d'Airain et avaient somme toutes peu de contact avec les autres - voire, sur la fin, de créatures tout à fait diverses. D'après ce que nous en savons, il semblerait que ces groupes se créaient au gré des circonstances, se rassemblant pour partager certaines passions.
Les Dragons d'Améthyste consacraient en effet leur existence à une tâche qu'accomplissent souvent les individus d'une faible constitution, peu aptes à affronter les dangers du monde, la recherche - et ce ne sont point nos collègues universitaires qui nous contrediront sur ce point, malingres que nous sommes tous, sauf rares exceptions. La quête du savoir, quel qu'il soit, voilà ce qui constituait le but de cette race, tournée entièrement vers les sciences de tous poils, sociales et autres mathématiques, ainsi que vers la philosophie, qui les occupait certainement plus que tout autre savoir. Au lecteur sceptique, qui ne songeait pas qu'une bête puisse philosopher, nous rétorquerons que les Dragons ne se considéraient en rien comme de vulgaires animaux, et que les premiers pas en métaphysique furent accomplis par les Dragons d'Améthyste, avant l'apparition des humanoïdes.
Il va sans dire que les Dragons d'Améthyste sont en quelque sorte les mascottes des universités du monde entier, non sans raison : après tout, nous autres savants, chercheurs et philosophes ne savons rien faire d'autre, à l'heure actuelle, que tenter de redécouvrir les connaissances perdues lorsque disparurent les Dragons d'Améthyste...

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°505, eilë lüwen 1040.

Le dragon d'Argent


Les Dragons d'Argent ne possédaient aucun trait remarquable, tant du point de vue physique que social ; ainsi en jugeons-nous, comparativement à leurs illustres frères, d'Or, d'Obsidienne, de Cristal... Pourtant, n'eussions-nous connu qu'eux, qu'ils nous eurent semblé immenses et terrifiants. Seulement, nous en connaissons d'autres.
Les Dragons d'Argent n'avaient rien de remarquable, disions-nous ; cette affirmation est à la fois vraie et inexacte. Les Dragons d'Argent ne possédaient pas une ossature gigantesque, comme leurs frères de Pierre ou d'Obsidienne, ils n'avaient ni la musculature ni la force des Dragons d'Airain ; cependant, il serait injuste de dire qu'ils étaient petits. Ils n'étaient, pour des Ancêtres, ni grands, ni petits. Sans être des guerriers-nés, ils étaient loin d'être chétifs. Certains d'entre eux crachaient du feu, mais ce trait n'était pas répandu chez tous, la moitié, seulement, un peu moins, peut-être.
Dans leur aspect physique, rien de particulier ; il en était de même pour leur maîtrise de la magie. Tous possédaient de naturelles aptitudes, mais rarement assez pour rivaliser avec les Mages puissants des autres races - sans parler des Dragons d'Or.
Les Dragons d'Argent ne vivaient pas dans de magnifiques cités, ne consacraient pas leur vie à l'art, à la Magie, à la guerre, à la richesse ou à quoi que ce soit de spécifique. Ne tirons pas de conclusion hâtive : les Dragons d'Argent étaient loin d'être bêtes. Tout au contraire, n'eussent été les Dragons d'Améthyste et les Dragons d'Or, ils eurent été les plus intelligents de tous. Ils n'employaient pas leur intelligence à développer une seule chose, à l'inverse des autres Ancêtres, préférant sans doute conserver une certaine polyvalence.
Ils se préoccupaient du monde pour ce qu'il était, dans sa totalité, sans en occulter certains cotés, comme les Dragons d'Améthyste ne se souciaient que de l'intellectualiser ou les Dragons de Cristal de le rendre par l'art. Ce sont eux, sans doute, qui, de tous les Ancêtres, ont été les plus proches d'Oneira, de la même façon que les humains font partie intégrante d'Oneira. Cette observation a d'ailleurs vivement séparé la communauté universitaire sur la question des Dragons, voilà quelques années, d'aucuns avançant l'hypothèse que les Ancêtres - et par là, tous les Dragons - pouvaient être étrangers à Oneira, venant d'autres mondes, d'autres espaces que nous ne pourrions concevoir. Aujourd'hui, les passions se sont éteintes, pourtant, nul ne sait si les Ancêtres sont véritablement des créatures de notre monde.
Quoiqu'il en soit, les Dragons d'Argent ont tissé des liens forts avec les autres créatures d'Oneira, lorsque celles-ci apparurent. Ils n'étaient pas extraordinaires, ces liens : les mêmes qui existent entre tous les peuples de notre monde, de nos jours, des rapports commerciaux, culturels, diplomatiques, etc. Les Dragons d'Argent étaient une race très ouverte.
Vraiment, ils n'avaient rien de fantastique. Ils ont disparu peu avant les Dragons d'Airain.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°498, eilï elwë 1040.

Le dragon de Cristal


Dragon de Cristal, par Imcy.Si les Dragons de Pierre aimaient à construire toute leur existence durant, les Dragons de Cristal peuplaient ensuite les cités qu'ils avaient commandées à leurs frères. De petite taille, ils n'eussent pu, seuls, construire ces formidables tours qui s'élançaient vers les cieux, flèches gracieuses. Ces cités, au nombre, si nous devons en croire les légendes, de six - les emplacements nous sont approximativement connus -, six magnifiques cités qui s'élevaient au dessus des nuages, bâties dans l'or et l'argent, à la base, puis, vers les sommets, en cristal et veinées d'électrum pur.
Bien entendu, il est possible que ces légendes aient prodigieusement enflé la réalité ; toutefois, il ressort de ces anciens récits une richesse, une grâce et une beauté incroyables. Même dans un ciel d'un bleu serein, il était difficile d'apercevoir le sommet, avec précision, de ces tours sans pareilles. On apercevait, bien évidemment, un scintillement merveilleux, sans plus, uniquement les rayons du soleil se reflétant à l'infini dans les majestueuses flèches de cristal.
Il nous est difficile, à présent, d'imaginer ce que pouvaient être les villes dans lesquelles vivaient les Dragons de Cristal, car de terribles cataclysmes se sont abattus sur Oneira, détruisant sans vergogne les fins ouvrages. Ceci se serait passé alors que le déclin des Dragons de Cristal aurait été bien entamé, alors que leur magie, qui auparavant maintenait debout ces cités de cristal depuis des millénaires, et pour cette raison les tours auraient chu. Cette destruction aurait précipité la disparition des Dragons de Cristal, qui ne pouvaient plus rebâtir, même avec l'aide des Dragons de Pierre, qui quittaient petit à petit ce monde. Et ainsi, la plus formidable des civilisations des Ancêtres aurait disparu, ne laissant comme traces, derrière elle, que des gravats, par milliers d'erkalah. Notons que les ruines n'ont jamais été retrouvées, mais qu'aux environs des emplacements légendaires de ces six cités, nous exploitons de gigantesques gisements de métaux précieux, ce qui renforce nos convictions quant à l'existence des Dragons de Cristal.
Nous avons évoqué plus haut "la plus formidable des civilisations des Ancêtres" ; car il convient, à présent, de s'intéresser plus avant aux Dragons de Cristal eux-mêmes, et non seulement à leurs cités -bien qu'elles méritassent à elles seules des ouvrages entiers.
De petite taille, nous l'avions évoqué, les Dragons de Cristal étaient vraisemblablement constitués de matière organique mais... minérale. Ainsi, leurs os eussent été d'un cristal inconnu, ainsi que leur chair, plus souple cependant ; leurs écailles étaient de cristal également, et leurs dents, et leurs griffes. Sans doute la lumière les traversait-elle, en se décomposant. Les voir devait enchanter les yeux. Nous noterons ici à l'attention des lecteurs non avertis que des paléontologues ont exhumé il y a quelques années le squelette présumé d'un Dragon de Cristal, le premier à ce jour, et que nous formulons nos hypothèses en concordance avec les études réalisées pour le moment.
Les Dragons de Cristal s'intéressaient certainement aux arts, de façon soutenue, à l'architecture bien entendu, comme en témoignaient leurs cités, mais aussi, si nous devons en croire les rumeurs, à la musique principalement, musique qu'ils produisaient par la pensée, d'après les témoignages de certains ménestrels, antiques, qui prétendaient avoir appris leur art auprès de vénérables Dragons. Certaines de nos plus belles chansons auraient donc une origine dragonique - ces témoignages, trop anciens pour être datés, doivent néanmoins être maniés avec précaution.
Quoiqu'il en soit, nous pouvons subodorer que les Dragons de Cristal, du moins à la fin, acceptaient les étrangers, ne fussent-ils pas des Ancêtres. Enfin, il semblerait que les Dragons de Cristal aient été très liés aux Dragons d'Améthyste.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°503, eilä asten 1040.

Le dragon-Fée


Plus gais que tous leurs frères, ces Dragons jouaient à tournoyer dans les airs des années sans discontinuer, tant ils aimaient à s'amuser. Jugés frivoles par les autres Ancêtres en raison du peu d'intérêt qu'ils accordaient à l'exploration de la Magie, au combat, ou aux domaines insondables de la pensée, ils vécurent dans la joie et leurs cités, à l'architecture démentielle - une architecture qui reflétait en tous points leur caractère rieur - résonnaient continuellement de rires puissants.
Il semblerait que leur civilisation n'ait connu la violence que de façon épisodique, lors d'affrontements avec les autres espèces, durant les premières ères sans aucun doute ; à l'intérieur de leurs communautés, il n'existait pour ainsi dire aucun désaccord. Par la suite, le caractère résolument pacifique de ce peuple lui assura la bienveillance de tous les autres Dragons, qui, en leur for intérieur, ne pouvaient s'empêcher d'envier, bien malgré eux parfois, le climat d'insouciance et de joie qui régnait dans les contrées où vivaient les Dragons-Fées.
Vraisemblablement éteints il y a des millénaires, les Dragons-Fées avaient noué d'excellentes relations avec les humanoïdes, qui les craignaient moins que les autres Ancêtres, jugés plus sombres que ces créatures enjouées. En raison de leur exceptionnelle grâce, les représentants défunts de cette race morte sont, plus souvent qu'à leur tour, représentés par les peintres et ce, à toutes les époques.
Issus des chatoiements de la Magie les plus fantasques, les Dragons-Fées étaient l'image même de la Beauté, lorsqu'ils arpentaient le Ciel et la Terre. Les reflets irisés que provoquait la lumière en rencontrant leurs écailles superbes sont chantés aujourd'hui encore par des poètes de tous les horizons ; des légendes prétendent qu'un arc-en-ciel n'est autre que le souvenir d'un Dragon-Fée, mort depuis fort longtemps, revenu contempler le monde sur lequel il a tant joué.
Selon d'autres légendes, les Dragons-Fées seraient apparus à la même époque que les Fées proprement dites - ce qui expliquerait leur nom. De fait, d'origine commune, les deux peuples auraient vécu durant des millénaires heureux, en parfaite harmonie ; bien entendu, les Fées habitaient chez les Dragons, et non l'inverse, qui eut certainement posé des problèmes architecturaux assez insolubles, compte tenu de la différence de gabarit.
A l'époque contemporaine, les restes scintillants des Dragons-Fées sont des trésors convoités par les archéologues et pilleurs de sanctuaires de tous poils, en raison de leur splendeur inégalée. Les plus riches des marchands et les nobles les plus puissants recherchent à accumuler ces joyaux, qui témoignent de leur pouvoir.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°507, eilï lüwen 1040.

Le dragon de Feu


Disons-le sans ambages : alors que toute la communauté universitaire admet que les Ancêtres aient existé, les Dragons de Feu posent encore un problème ; pour cela, nous prions nos lecteurs de bien considérer que tout ce qui suit émane de chercheurs qui estiment que ces Dragons là existèrent. Nous reviendrons sur les points qui mettent en question cette existence tout au long du texte.
Issus comme leurs frères de la Magie, les Dragons de Feu auraient été différents, fort différents, d'eux, sur plusieurs points essentiels. La différence majeure qui les aurait opposés eut résidé dans le fait que ces Dragons n'eussent pas été composés de chair, d'os, ou de quelque matière que ce soit, mais bel et bien de feu. Permettons-nous ici de citer les arguments des physiciens qui ont mené quelques recherches sur le sujet : cela aurait été rendu possible si ces Dragons avaient évolué dans l'espace, ainsi le feu se serait nourri d'une certaine particule de vide découverte il y a de cela une vingtaine d'années - mais ici, tout ceci devenant par trop technique, nous en revenons à notre simple étude, après avoir noté que les Dragons de Feu auraient donc pu exister. Venant de ces mêmes physiciens, l'hypothèse que ces Dragons n'eussent point vécu, à aucune époque, sur Oneira, qui eût été inadaptée à eux, mais dans l'astre solaire d'Oneira. A vrai dire, si nous citons ici les Dragons de Feu, c'est en vérité pour leur parenté - supposée - avec les Ancêtres, dans un premier temps.
Si ces créatures ont existé, nous pouvons certainement voir là-dedans la confirmation d'une hypothèse avancée en son temps par le Département de Magie, qui a trait aux affinités particulières qu'entretiennent la plupart des Ancêtres avec le Feu - sans rentrer dans les détails, rappelons qu'une thèse avait été publiée au siècle précédent, intitulée Le Feu à l'origine, attribuant la naissance des Ancêtres à une influence prédominante de l'élément Feu à une certaine époque sur la Magie.
Les légendes se référant aux Dragons de Feu sont peu nombreuses, et très obscures. Beaucoup moins explicites que celles narrant les Dragons-Fées ou les Dragons d'Airain, c'est d'ailleurs lorsque les chercheurs en Mythologie ont terminé leur décryptage qu'ils avancèrent l'idée que ces Dragons aient pu exister, plongeant l'ensemble des savants dans la perplexité - notons que les Ancêtres ont toujours fasciné les universitaires, et toujours consterné, car il est difficile d'être sûr de rien dans ce domaine.
Pour en revenir à l'aspect des Dragons de Feu, ils étaient peut-être la copie conforme des Dragons d'Or - mais tout en feu - donc auraient possédé griffes et écailles, auraient été de taille moyenne - pour des Dragons, bien entendu, demeurant immenses pour des humanoïdes - et auraient craché du feu. Nous n'avons à cette heure aucune indication sur leurs aptitudes magiques.
Nous ne pouvons indiquer plus de choses sur ces Dragons de Feu. Indiquons d'ailleurs qu'il est possible qu'ils aient été les seuls à ne pas avoir pris part dans cette légendaire guerre entre espèces d'Ancêtres (pour plus d'informations, se référer au livre Légendes Dragoniques).
Concluons en rappelant que l'existence de ces Dragons de Feu n'est admise qu'à titre d'hypothèse. Ils auraient totalement disparu de nos jours.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°499, eilë sameï 1040.

Le dragon de Glace


Outre les Dragons de Perles, il semble qu'il ait existé une autre famille d'Ancêtres ayant entretenu des liens puissants avec l'Eau - et non le Feu. Cette hypothèse a été avancée par un éminent biologiste revenant d'une expédition envoyée - pour quelque obscure raison - dans les glaciers d'Aÿnat, qui a eu la surprise de découvrir un beau jour, figé dans les glaces, un Dragon qui n'était manifestement apparenté à aucune race connue. Après une étude poussée de ce corps, presque intégralement conservé par le froid, nous avons découvert l'existence des Dragons de Glace - si, bien entendu, ce spécimen n'est pas un cas isolé.
Les Dragons de Glace possédaient vraisemblablement une morphologie proche de celle des Dragons d'Argent, corpulents sans être massifs, de taille moyenne, puissamment musclés, dotés, en bref, d'une grande force physique. L'examen du corps a livré d'autres secrets des Dragons de Glace - et peut-être de tous les Dragons, car il nous était possible, pour la première fois, d'étudier un corps d'Ancêtre intact - ce qui nous a permis d'élaborer quelques hypothèses concernant l'anatomie des Ancêtres - mais ne voulant pas par trop appesantir ce texte, nous renvoyons ici à des ouvrages consacrés spécifiquement à ces sujets. Mentionnons toutefois la découverte de deux poches que ne possèdent pas les humanoïdes, situées dans la poitrine des Dragons, et reliées à la bouche par un circuit différent du circuit digestif. Le conduit qui relie ces poches à la gueule est tapissé d'une substance organique-minérale inconnue, extrêmement froide, identique à celle qui recouvre les parois des poches et l'intérieur de la gueule du Dragon, et apparentée à celle qui constitue les plaques recouvrant le Dragon, qui ressemble à de la glace. Il est probable que dans ces poches régnait un froid intense ; certainement les Dragons de Glace crachaient un air tellement froid qu'il gelait, une fois projeté, tout ce qu'il touchait. La substance qui tapisse le Dragon servirait donc de protection. Sans doute trouverions-nous quelque chose de ce genre si nous pouvions disséquer un Dragon cracheur de feu, ou d'autre chose. Et sans doute les Dragons cracheurs de feu ne crachaient pas de feu, mais un air tellement chaud qu'il enflammait tout ce qu'il touchait, d'où la confusion - mais cela ne peut être vérifié, les Dragons actuels ne crachant plus de feu, hormis les descendants des Dragons d'Airain, mais nous n'avons pu encore les étudier.
Lors de l'étude nous avons également constaté avec stupeur un fait étrange : les Dragons de Glace auraient été des créatures à sang froid, mais non dans le sens où nous l'entendons habituellement pour les reptiles, ce sang aurait atteint des températures extrêmes - atteignant presque le zéro absolu - donc ne dépendant pas des conditions du milieu car à aucun endroit d'Oneira, à notre connaissance, il ne fait aussi froid. Ce froid leur aurait peut-être permis de voyager dans tous les milieux, exceptés ceux où régnait une trop forte chaleur. Rien ne s'opposait donc à ce que les Dragons de Glace voyagent sous l'eau ou dans les hautes couches de l'atmosphère.
Et à partir du sang des Dragons de Glace, nous avons émis des théories sur le sang qui parcourait les autres Ancêtres ; ainsi, il est probable que le sang de certains - Dragons d'Obsidienne par exemple - ait été brûlant. Ce qui demeure invérifiable.
Nous ne possédons à cette heure aucune information sur la civilisation des Dragons de Glace. Aucune légende connue ne les mentionne, mais peut-être avancerons nous à leur sujet lorsque nous parviendrons à établir des contacts avec les peuplades primitives vivant dans les contrées gelées.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°500, eilä sameï 1040.
Consulter aussi : propriétés magiques du Dragon de Glace.

Le dragon d'Obsidienne


Moins connus que les Dragons d'Airain, en raison d'une disparition moins tardive, les Dragons d'Obsidienne sont néanmoins fréquemment cités dans un certain type de conte, que nous connaissons tous, les histoires de chevalerie. Lorsqu'une légende mentionne un Dragon terrassé par un chevalier, un vieux Dragon, cupide et terrible, nous pouvons penser avec force raison qu'il s'agit ici d'un Dragon d'Obsidienne.
Et il faut avouer que ces Ancêtres possédaient, en effet, toute une panoplie de caractéristiques qui les vouaient à incarner le "méchant" dans les contes traditionnels. Par la taille, tout d'abord, et l'allure ; les plus grands de tous, plus même que les Dragons de Pierre, ils étaient recouverts d'écailles foncées, rouges ou vertes parfois, et noires la plupart du temps, mais toujours si foncées qu'il était impossible de les apercevoir lorsque la nuit était venue. Physiquement, ils avaient tout de monstres de légendes, et leur capacité à cracher le feu des Dragons n'était pas de nature à rassurer.
S'ils inspiraient la terreur, semblables à des guerriers antiques et formidables, il était rare de les voir au combat, pourtant. En réalité, plutôt que de se battre, comme les Dragons d'Airain, ils préféraient récolter les fruits des batailles de ceux-là. C'est à dire qu'ils asservissaient les populations vaincues, les colonisaient, en quelque sorte, et les utilisaient comme esclaves, afin d'accroître leurs richesses. Cupides, ils amassaient des trésors leur vie durant, sans souci de morale quelconque : ils déployaient tous les moyens pour parvenir à leurs fins, et laissèrent souvent derrière eux, parmi les peuples opprimés, un champ de désolation.
La société des Dragons d'Obsidienne s'organisait d'une manière plutôt complexe. Ces Ancêtres étaient divisés en plusieurs royaumes, deux ou trois selon les époques, semble-t-il, et étaient soumis à la famille royale. Le Roi envoyait ensuite des délégations dans les territoires asservis, et là, les Dragons accumulaient des richesses qu'ils devaient envoyer dans leur royaume. Ce qui compliquait les choses était, comme de juste, l'avidité de tous les Dragons d'Obsidienne, qui rechignaient à envoyer toutes ces richesses à leur Roi. Ainsi, comme chaque Dragon d'Obsidienne possédait une fortune immense, ils engageaient des armées de mercenaires à tour de bras et se livraient de fait des combats terribles où l'enjeu était évident : le trône. Chaque royaume était le théâtre d'intrigues sordides, de trahisons, de complots et de meurtres ; et les tensions qui régnaient entre les différents royaumes étaient vives, car tous convoitaient ce que possédaient les voisins.
Il faut noter que, malgré tout cela, jamais les Dragons d'Obsidienne ne s'en prirent aux autres Ancêtres, s'entredéchirant joyeusement - toutefois, une légende déjà mentionnée rapporte qu'ils s'attaquèrent une fois, et une seule, aux Dragons d'Or, déclenchant une guerre à laquelle participèrent tous les Dragons, mais nous n'avons pu, à l'heure actuelle, vérifier ceci.
Il semble que les Dragons d'Obsidienne aient été de puissants Sorciers, quoique leur maîtrise des arts occultes n'ait rien de comparable avec celle des Dragons d'Or, puisque eux consacraient essentiellement leur vie à agrandir leur trésor, et non à parfaire leurs aptitudes magiques. La Magie leur servait naturellement à défendre leurs trésors durant leur vie, et, comme nous avons eu l'occasion de le vérifier, après leur mort ; à l'aide d'enchantements inconnus de nos Mages, les Dragons d'Obsidienne liaient leur esprit à leur trésor, et vouent leur âme à la défense de leur patrimoine.
Cette défense acharnée se comprend si l'on considère que les richesses incalculables amassées par les Dragons d'Obsidienne ont, de tous temps, allumé les convoitises et qu'aujourd'hui encore, les personnages se mettant en quête d'une cachette d'un Dragon d'Obsidienne demeurent nombreux.
Au grand soulagement des rois et des banquiers, les Dragons d'Obsidienne se sont éteints voilà de nombreux siècles, hantant toutefois encore les récits des rhapsodes.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°506, eilä lüwen 1040.

Le dragon d'Or


Les Dragons d'Or restent, malgré les crédits faramineux accordés aux chercheurs, mystérieux aux yeux des universitaires - et de tous, plus généralement - pour de multiples raisons. Tout d'abord, nul ne sait, nul ne parvient à déterminer, où vivaient ces créatures : contrairement aux autres Ancêtres, manifestement les Dragons d'Or ne peuplaient pas certaines contrées uniquement, ni ne se regroupaient en magnifiques cités. Tout au contraire, les grottes des Dragons d'Or découvertes, ou leurs châteaux immenses, témoignent d'une velléité d'isolement vis-à-vis des congénères, ce qui va à l'encontre de toutes les théories posées précédemment sur la vie en société des Dragons.
Ce qui laisse perplexes au plus haut point, pourtant, les chercheurs, relève de savoirs plus difficiles à pénétrer. L'origine des Dragons d'Or est à peine extrapolée ; probablement sont-ils issus des profondeurs abyssales de la Magie, mais cela reste invérifiable. Une chose est certaine, et nous fut transmise par les traditions populaires, c'est que ces Ancêtres possédaient une maîtrise exceptionnelle de la Magie.
Notons ici un point à la fois fort intéressant et réellement déconcertant : les traditions, les contes et légendes, mentionnent fréquemment les Dragons d'Or (moins, il est vrai, que les Dragons d'Airain, par exemple, ou Dragons-Fées, pour ne citer qu'eux), alors même que les Dragons d'Or avaient tous disparus, semble-t-il, lors de l'apparition des humanoïdes. Les historiens rencontrent d'ailleurs au sujet de cette disparition de grands désaccords ; certains supposent que la race s'est éteinte, en raison de son adaptation extrême à son milieu d'origine, ce qui, lors des changements du monde, a entraîné l'extinction de ces créatures, incapables d'évoluer en même temps que leur monde ; d'autres pensent que les Dragons d'Or sont partis à la découverte d'autres mondes ; et bien d'autres théories foisonnent encore. Pour en revenir à notre sujet, il est étrange que les contes mentionnent ces créatures qui auraient dû avoir disparu avant l'apparition de ceux qui firent ces récits ; il faut donc conserver l'hypothèse suivante en réserve, qui expliquerait bien des choses : peut-être en effet les Dragons d'Or ont migré vers d'autres mondes, et certains sont restés plus longtemps, ou revenus parfois, et ont été aperçus de fait parfois.
Afin de ne rien laisser au hasard, rappelons qu'une légende (unique en son genre, et c'est ce caractère exceptionnel qui justifie sa mention ici) court sur l'existence d'une terre où vivrait un Dragon d'Or, et où nul, ou presque, ne pénètrerait - mais nous vous renvoyons ici à d'autres ouvrages, traitant spécialement de ces rumeurs.
Parlons à présent des caractéristiques de ces créatures, qui sont considérées par tous les savants, aujourd'hui, comme les plus puissantes qui aient jamais foulé les Terres d'Oneira - les Dieux exceptés.
Vivant donc séparés de leurs semblables, les Dragons d'Or employaient toutes leurs ressources, vraisemblablement, à parfaire leur maîtrise innée de la Magie ; nous ne pouvons, désormais, qu'imaginer les sommes de connaissances en cette matière qui ont disparu avec eux. Puissants Mages et Sorciers, ils accumulaient les artefacts, qu'ils façonnaient eux-mêmes, ou qui résultaient de leurs campagnes, voire du troc avec les autres Ancêtres. On raconte, parfois, que certains des Mages les plus puissants, humanoïdes, tirèrent leur savoir de nombreuses années d'un labeur patient sur des objets étranges, sans doute découverts dans les repaires des Dragons d'Or, et que certains, même, furent instruits par d'immenses reptiles qui tissaient des enchantements incroyables comme certaines vieilles femmes peuvent tisser de splendides tentures au terme de décennies de travail.
Sur l'organisation de la société des Dragons d'Or, nous possédons fort peu d'éléments, qui nous furent tous transmis par la tradition orale ; nous avons déjà mentionné le fait qu'ils vivaient séparés les uns des autres. Toutefois, et de manière surprenante, il semblerait que les Dragons d'Or se soumettaient tous, sans exception, à l'autorité d'un Prince-Sorcier qui était, dit-on, désigné par la Magie elle-même à chaque génération. Cette obéissance absolue explique les rapports sans accrocs établi entre ces créatures, alors que nous nous fussions plutôt attendus à découvrir des querelles incessantes et des batailles terribles entre ces Mages pour la possession d'un pouvoir, ou tout simplement la soif de domination.
A propos des Princes-Sorciers, de très anciennes légendes, qui pourraient provenir des Ancêtres eux-mêmes, racontent qu'à plusieurs reprises, un Prince-Sorcier mena les Dragons d'Or dans des campagnes longues et meurtrières. La finalité de ces guerres demeurait invariable : la Magie.
La dernière chose que nous savons (à peu près) sur ces Dragons, c'est qu'ils ne crachaient pas de feu, comme certains de leurs frères, mais de l'énergie magique pure - ce qui, somme toute, devait être aussi, voire plus, dévastateur.
Les recherches sur les Dragons d'Or représentent près du quart des recherches sur les Dragons, et sont financées, la plupart du temps, par des Mages de tous les horizons. A l'heure actuelle, peu de choses ont pourtant été prouvées.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°497, eilä elwë 1040.

Le dragon de Perles


Nous avons longtemps considéré les Dragons comme des créatures qui vivaient dans le milieu aérien, terrestre à l'occasion. Cette conception erronée fut abandonnée lorsqu'une expédition maritime découvrit les restes de créatures présentant tous les caractères des habitants des mers - au niveau physiologique, bien entendu - et qui n'en étaient pas moins des Dragons. Il s'est alors avéré que les Dragons avaient su coloniser tous les milieux du monde - à cette époque les savants relevèrent d'ailleurs les légendes naines qui montraient que les Dragons de Pierre avaient quant à eux occupé l'espace souterrain.
Ces Dragons marins furent simplement appelés Dragons de Perles, parce qu'ils étaient recouverts de perles, plus ou moins grosses, en tous cas toujours d'une pureté incroyable, et fort recherchées. Depuis cette époque, d'ailleurs, de nombreuses expéditions sont organisées chaque année dans le but avoué de découvrir de nouvelles carcasses, gisements incroyables de richesses ; notons qu'il est rare de découvrir plus d'un Dragon de Perles par décennie.
Ne pouvant guère explorer les milieux marins - et ce, pour des raisons évidentes - nous manquons d'informations sur la civilisation érigée par les Dragons de Perles. Toutefois, par l'étude de leur squelette, les savants ont pu bâtir de solides hypothèses, que nous tâcherons de rendre ici.
Dans un premier temps, l'inexistence de griffes, qui est un phénomène incroyable chez les Dragons, les Dragons-Fées eux-mêmes, malgré leur pacifisme, en possédaient, et également l'absence de véritable carapace - seuls les Dragons-Fées et les Dragons de Feu étaient connus pour ne pas en posséder jusqu'alors - semblent indiquer clairement le peu d'entrain pour le combat des Dragons de Perles.
Les Dragons de Perles auraient donc été une race résolument pacifique, d'autant qu'ils ne crachaient aucune substance comme certains.
Plus tard, soumis à des examens magiques, les ossements des Dragons de Perles révélèrent une forte aptitude à la Magie, ce qui nous fit penser qu'ils régnaient sur les mers - ou plutôt, sous les mers - non pas par la force, mais par Magie. Car il nous semble absurde de penser qu'ils n'aient pas régné sur les mers, y disposant d'un territoire que les autres Ancêtres ne pouvaient leur contester, étant seuls à même de régner dans un élément aquatique.
Par la suite, moult théories virent le jour, notamment concernant l'extinction des Dragons de Perles, que nous ne reproduirons pas ici, ne voulant pas alourdir par trop notre propos. Rappelons que des savants du monde entier cherchent à monter des expéditions scientifiques dans le but de découvrir les cités sous-marines dans lesquelles vivaient très certainement les Dragons de Perles, afin d'écarter les voiles qui nous masquent encore ces Dragons hors du commun, sans équivalent, et fort insolites.

Article du doyen Aklë'Ektans,
paru dans la Revue Etude des Dragons, n°502, eilë asten 1040.

Le dragon de Pierre


Au commencement des âges, la Magie engendra, lors de sa rencontre avec les imposantes montagnes, des créatures reptiliennes gigantesques, les Dragons de Pierre. Ils furent baptisés ainsi par la suite car leur carapace se composait de roches grises, volcaniques, parsemées de petits cristaux, qui leur permettaient de se fondre sans mal dans un paysage rocailleux. Les Dragons de Pierre, d'ailleurs, vécurent, d'après les légendes, dans les chaînes montagneuses, avec une préférence marquée pour
Proches de la terre et de la roche, ils avaient érigé des villes aux proportions colossales, creusées dans des montagnes gigantesques, qui s'étendaient jusqu'à des profondeurs que n'atteignent pas les mines que nous exploitons actuellement. Bâtisseurs sans pareils parmi les Ancêtres, ils sont très certainement à l'origine des forteresses où demeuraient les Dragons d'Or, ou des cités légendaires des Dragons de Cristal ; hélas, leurs ouvrages, si résistants soient-ils, ont été détruits au fil des siècles, abandonnés lorsque les Ancêtres entamèrent leur déclin, et il reste maintenant peu de vestiges que les savants peuvent étudier, au grand chagrin de ces derniers qui voient dans ces ouvrages une richesse architecturale sans équivalent.
Les liens particuliers qu'ils entretenaient avec la terre et la roche ont permis aux Dragons de Pierre de nouer des relations fortes avec les peuples liés à la Terre, et ils étaient entourés dans leurs travaux de moult créatures issues de la pierre. Il est probable que ces Dragons s'étaient détournés de toutes les voies magiques, exceptées celles qui utilisaient les plans élémentaires qui leur étaient familiers, témoignant encore, s'il besoin en était, des extraordinaires affinités qui existaient entre les Dragons de Pierre et la terre.
Les légendes parlent peu de ces créatures, qui n'accomplissaient pas d'exploits, qui n'étaient pas vraiment belles, et dont la principale occupation était de bâtir sans relâche - notamment des tombeaux grandioses dans lesquels reposaient les Dragons de Pierre qui sentaient leur fin proche, mais nous reviendrons sur ces tombeaux - et qui, finalement, ne présentaient pas tellement de matière propre à constituer d'épiques récits. A vrai dire, nous ne connaissons l'existence des Dragons de Pierre uniquement par l'intermédiaire des Nains, qui ont conservé de fort nombreux contes sur ces antiques sauriens, redoutés et admirés tout à la fois.
Pour en revenir aux tombeaux que nous évoquions précédemment, il semble que les Dragons de Pierre ne mouraient pas de vieillesse (tandis que les autres races, si elles étaient d'une remarquable longévité, pouvant vivre de multiples millénaires, finissaient par s'éteindre, exceptés les Dragons d'Or, qui utilisaient la Magie pour se maintenir en vie), mais étaient peu à peu gagnés par une lassitude qui allait en grandissant et se retiraient dans de gigantesques tombeaux où ils finissaient par sombrer dans un sommeil profond, ne se réveillant jamais, mais leurs fonctions vitales étant préservées ; ainsi, les Nains entendent parfois, au plus profond de leurs mines, un battement très lent, sourd. Jamais un tombeau de Dragon de Pierre n'a pu être découvert, si ce n'est au siècle dernier, mais le tombeau était vide, et n'avait vraisemblablement jamais été "habité".
Notons, pour terminer, qu'il existe une légende naine prétendant qu'un jour viendra où les Dragons de Pierre s'arracheront à leur léthargie, sortiront de leurs tombeaux et mèneront une tâche à bien, qui n'est pas explicitement précisée.

Article du doyen Aklë'Ektans, paru dans la Revue Etude des Dragons, n°504, eilï asten 1040.