Les badilim




Fenêtre ronde d'un trou de badilim, par Erana.

armi tous les peuples d'Oneira, peu évoquent autant la quiétude et la douceur de vivre que celui des badilim (bafilim dans le Sud d'Oneira, et affectueusement surnommés "badil" par les humains dont ils attirent la sympathie par leur bonhomie). Plus anciens que les clans, oubliés de l'histoire même d'Oneira, ils sont le seul peuple dont la naissance n'a pas été relatée dans la genèse de Délomaque, et leurs origines sont depuis longtemps tombées dans l'oubli. Seules une poignée de légendes racontent que quelques familles de gnomes, éprises de paix et de tranquillité, quittèrent peu à peu la vie mouvementée du petit peuple et oublièrent la magie (les badilim ne pratiquent plus guère que la magie de famille) pour se consacrer à des tâches plus simples, plus douces, dictées par le temps et les saisons, et vinrent s'installer dans le plus paisible de tous les pays : celui des collines de Falymä, d'Irillï, de Kallünn, de Lumnar, de Bol-Deh, de Dil-Deh et de Löh-Deh, et que l'on nomme maintenant collines d'Ev'Syra, car bien qu'il existe de petites communautés badilim un peu partout en Oneira, la très grande majorité des représentants de ce peuple sans histoire se trouve rassemblée à Mar'Ev'Syra (littéralement "la colline de l'endroit des badilim") où fleurissent les villages et les villes à taille badilim.
Il ne faut pas s'appuyer sur la légende faisant des badilim de lointains descendants des gnomes pour imaginer leur apparence. De fait, les badilim ont l'aspect d'humains de petite taille (de 5pe. à 8pe.), à l'embonpoint facile, au visage rond et jovial encadré de cheveux bouclés, aux pieds larges et poilus. Les badilim accordent usuellement un grand soin à leur apparence, y compris à leurs vêtements, ils portent de seyants vêtements de lin, de toile ou de velours, joliment brodés pour les femmes, et toujours courts au niveau des jambes, pour découvrir les pieds qu'ils gardent toujours nus, quelle que soit la saison ou leur activité.
Trou de badilim, par Anne.Les badilim possèdent un amour de la vie, de la tranquillité et du bonheur qui les a mis depuis longtemps à l'écart de l'Histoire et des aventures de toutes sortes et semble leur accorder une longévité particulière, puisqu'ils vivent jusqu'à 120 années en moyenne. Joyeux et amicaux, ils aiment le chant, la musique et la fête et partagent un goût tout particulier pour les réunions improvisées, qu'elles soient de paisibles assemblées de fumeurs ou se terminent par des feux d'artifice et des danses endiablées. Le foyer, le jardin, l'écriture des anecdotes familiales, le chant, la pipe et la sieste paisible sont les meilleurs des plaisirs badilim, mais aucun d'eux n'égale le plus grand de tous : la cuisine. Aucun autre peuple oneirien n'a écrit plus de livres consacrés à la cuisine que les badilim (à vrai dire, presque plus de livres de cuisine que de tout autres ouvrages, car presque chaque badilim est l'auteur d'au moins un recueil de recettes qui viendra enrichir l'importante bibliothèque du trou de la famille au fil des générations), qui agrémentent leur journée de pas moins de onze repas ou collations d'importance. Les badilim vivent essentiellement de la culture de la terre, qui suscite en eux une joie profonde, mais ont développé bien d'autres activités d'artisanat traditionnel, ou liées aux plaisirs simples de la vie (mélanges de feld - la meilleure d'Oneira, à n'en point douter -, brassage...). La plupart des produits alimentaires consommés par les badilim proviennent de leurs fermes, mais ils n'hésitent pourtant pas à s'adonner à la cueillette (surtout à celle des champignons) ou même, pour les grandes occasions, à la chasse au collet, la seule qu'ils pratiquent (et encore ne s'y adonnent que les jeunes badilim aventureux), car les badilim n'aiment guère les armes et ne maîtrisent guère que l'usage de la fronde qu'ils utilisent pour effrayer les oiseaux au moment des semis ou des récoltes.
Les badilim vivent dans de petits villages (bien plus rarement des villes) uniques en Oneira, puisque leurs habitations, les "trous" sont, pour l'essentiel, creusées horizontalement sous les petites collines qui font la grande particularité de la région (qui, du badilim ou de la colline, fut le premier en Ev'Syra reste une question que ces premiers aiment à se poser en fin de soirée) : les habitations ont l'aspect de petits monticules couverts d'herbes, surmontés d'un ou de plusieurs conduits de cheminées ou de poêles, et sur la surface desquels s'ouvrent de petites fenêtres rondes, cerclées de bois ou de briques, et de grandes portes de même forme, aux couleurs vives, donnant sur de petits jardins débordants de fleurs et de légumes entremêlés. L'intérieur des "trous" de badilim suit l'aspect général des habitants : tout y est rond, paisible, soigné, joliment meublé de petits meubles en bois sur lesquels se côtoient bouquets de fleurs et ustensiles de la vie courante.

Extrait de l'Encyclopédie des peuples d'Oneira, par Ob-Keleänn.