Guildes, Ordres et Confréries d'Oneira




Les chevaliers des Dalles Bleues et l'Ordre de Beravel


Chevalier des Dalles Bleues et son dragon-blanc.
ombreux sont les pays ayant fondé pour leur gloire ou leur sauvegarde un prestigieux ordre de chevalerie ; le Daafeld se sentit appelé à le faire à son tour au cours du sixième siècle. Les sages et les historiens s'interrogent encore sur les réalités des circonstances qui motivèrent le besoin de créer un corps militaire dans un pays si peu enclin à la guerre et qui, à cette époque, n'avait nul voisin à craindre, mais les chroniques rapportent néanmoins que le seigneur Arenan de Kelarë parla au Conseil du Koetor et convainquit ses deux homologues de Sageoln et de Meialy de la nécessité de former un collège de chevaliers aptes à sillonner le relief difficile du Daafeld en toutes circonstances et pour tous les motifs, et à porter la voix du Koetor aux peuples nomades et aux hameaux du fond des steppes.
Arenan, qui était un érudit en plus d'un homme de valeur et de courage et qui savait qu'un homme est plus grand lorsqu'il apprend de son passé, se rendit dans les ruines d'Ogöln qu'il savait avoir été le siège du vieil ordre de chevalerie du royaume de Berelian. Or, il y fit une découverte qui bouleversa ses plans initiaux : au c½ur des vieilles ruines perdues dans l'immensité des steppes, fuies par les nomades qui craignaient les esprits qu'on entendait hurler dans le sol à l'approche de la cité morte, il découvrit une gigantesque colonie de blancs-dragons, gardée par trois-cent hommes et femmes qui se donnaient à eux-mêmes le nom de Gardiens des Dalles.
Les Gardiens des Dalles sont l'un des mystères de notre ère, or ce mystère est plus qu'ignoré : dans aucun traité d'histoire on ne les mentionne ; rares sont les érudits et les sages qui les évoquent ou s'en souviennent ; les ménestrels ni les bardes ne s'intéressent à leur récit. Il m'est arrivé de raconter leur histoire, telle qu'elle m'a été dictée par un chevalier de l'Ordre dont nous parlons, à des interlocuteurs qui en oublièrent le premier mot dès le lendemain. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Pourquoi est-ce que moi je ne l'oublie pas ? Je l'ignore tout autant. Il semble que Ceux-des-Dalles, lorsqu'Arenan les découvrit, n'avaient aucune connaissance de l'An 0 : ils n'en relataient rien dans leurs récits ou dans leurs chants, il ne faisait en aucun cas partie de leur culture, de leurs regrets ni de leurs peurs. Plus étonnant encore, ils se présentèrent comme des serviteurs du royaume de Berelian bien que celui-ci eût été détruit plus de six siècles auparavant, envoyés dans la cité d'Ogöln pour y veiller sur les blancs-dragons. Bien sûr, ils se savaient seuls et isolés, ne recevant ni nouvelles ni visites, mais ce dont ils manquaient, les blancs-dragons le leur apportait, aussi n'avaient-ils jamais eu connaissance de la poursuite de l'Histoire du monde autour d'eux.
Selon les sources les plus probables, Arenan demeura près d'une année à Ogöln, au terme de laquelle il proposa aux Gardiens des Dalles de le suivre à Kelarë pour y jouir de leur siècle, mais deux choses s'opposèrent à ce projet : tout d'abord, ils rechignaient à abandonner les dragons sur lesquels on leur avait commandé de veiller ; ensuite, ils se sentaient tenus par le serment de leurs ancêtres à leur nation disparue. Beravel, qui était le plus noble d'entre eux, s'entendit avec Arenan : puisque le Daafeld avait succédé au royaume de Berelian, ils serviraient le Daafeld à son tour, à la condition que les blancs-dragons n'y soient jamais chassés ni menacés. On s'en doute, Arenan accepta le marché. Mieux encore, il incita le Conseil du Koetor à déclarer les blancs-dragons trésor du royaume (Edit du Blanc-Dragon, 526).
Les Gardiens des Dalles prirent le nom de Chevaliers des Dalles (mais on leur garde encore leur ancien surnom de kinisern, Ceux-des-Dalles), puis de Chevaliers des Dalles Bleues lorsque la Dame-Seigneur de Meialy leur assigna leur première mission : la surveillance de tout ce qui entre et de tout ce qui sort du Temple des Mille Prières, au sud d'Isterön. A la mort de Beravel-le-Valeureux, leur chef, ils renommèrent leur Ordre une nouvelle fois en son honneur : l'on parle donc des Chevaliers des Dalles Bleues de l'Ordre de Beravel.
Les kinisern adoptèrent très tôt les m½urs et les caractéristiques que nous leur connaissons aujourd'hui encore : montés sur leurs chevaux gris, amenés à voyager beaucoup pour transmettre des messages ou porter secours à qui le nécessite, ils arborent une armure légère en écailles de blancs-dragons et en cuir, et une cape bleu azur. Chaque chevalier, outre sa monture, s'octroie la compagnie d'un blanc-dragon pour lequel il risquerait sa vie. Très utiles, les blancs-dragons peuvent se charger pour leur compte de messages, de la surveillance de vastes territoires, de donner l'alerte si nécessaire, voire de transporter le chevalier là où sa monture ne peut se rendre.
En honneur aux Gardiens des Dalles, les Chevaliers des Dalles Bleues demeurent au nombre de trois-cent. Chaque chevalier prend à son compte le choix et la formation d'un apprenti - en général son propre fils ou un orphelin. On rencontre les kinisern partout au Daafeld : ils protègent les seigneurs des trois cités, les escortent au Conseil du Koetor, gardent, comme on l'a déjà dit, le Temple des Mille Prières, accompagnent et assistent ceux qui en ont besoin ou qui en font la demande, parcourent inlassablement les steppes, même dans les régions les plus dangereuses, afin de rendre compte aux trois seigneurs de l'état de leur royaume. Enfin, ils veillent sur les blancs-dragons, même s'ils ne sont plus en danger, car nul ne songe plus à les chasser.

Extrait du Chapitre des Grands des Nobles Parcours de Tugior de Kelarë.

Les chevaliers d'Haame et l'Ordre de Muldö


Chevalier de l'Ordre de Muldö, par SLo.
e très ancien ordre de chevalerie thardien fut initié par les premiers rois de l'empire de Thard, avant, semble-t-il, la grande Guerre des Gardiens. Le nom de l'Ordre, Muldö, fait référence au grand serpent noir, omniprésent dans l'Histoire de l'Ar'Thard, qui creusa sous la ville de Thard (et de Danedir, bien sûr) les innombrables souterrains qui furent longtemps la propriété des chevaliers. De cette époque, ils conservent leur emblème, le serpent noir à queue finissant en spirale, rappelant ainsi à la fois le symbole du culte des Ténèbres et celui de la maison royale de Thard.
Tout d'abord nés pour être les défenseurs du peuple, les chevaliers de l'Ordre de Muldö furent progressivement écartés de la scène par les armées grandissantes de l'empire. C'est Dar qui, une fois roi, rappela les chevaliers à Thard et leur offrit la grande tour d'Haame dont ils prirent le nom. Dar modifia progressivement le rôle de l'Ordre de Muldö et en fit les défenseurs de la maison royale. Ce rôle fut confirmé par les héritiers de Dar qui vinrent à confier aux chevalier d'Haame le très précieux médaillon de Nöshyl de la maison royale, lequel identifie le roi et lui confère des capacités sans lesquelles il aura les plus grandes difficultés à régner.
Si on ignore la vérité sur la suite de l'histoire des chevaliers, la plupart des historiens s'accordent à considérer qu'E'Dyrha concentra longtemps ses efforts pour placer parmi eux quelques uns de ses fidèles qui l'aidèrent à prendre leur contrôle, occasionnant ainsi la perte du fameux médaillon et la trahison des chevaliers envers la maison royale. Ils furent ainsi les auteurs de nombreux assassinats et favorisèrent grandement la prise de pouvoir d'E'Dyrha. Toutefois, il semble que les capacités particulière d'E'Dyrha soit la seule cause de cette trahison, de nombreux chevaliers ayant tenté, au fil des siècles, de s'échapper de son emprise afin de retrouver le médaillon ou de transmettre de précieux messages aux légitimes héritiers de Thard lesquels, rancuniers, ne leur ont plus accordé de confiance.
C'est le prince Ilenor qui, lors de la récente guerre qui fonda l'Ar'Boeren, s'acharna à libérer les chevaliers d'Haame qui lui jurèrent allégeance, à lui ainsi qu'à Boeros et à l'ensemble de la famille royale, et firent savoir qu'ils furent les premières victimes de la fameuse "marque d'E'Dyrha" qu'elle utilisa pour contrôler d'innombrables humains lors de la guerre. A la fin de la guerre, les chevaliers d'Haame suivirent Ilenor en Ar'Boeren et le choisirent pour être leur commandant, bien qu'il ne soit pas l'un des leurs. A ce jour, de nombreux chevaliers sont affectés à la protection de Boeros tandis que les autres se consacrent à la reconstruction de l'Ar'Boeren.
Malgré l'aspect "public" des chevaliers d'Haame, les conditions d'admission et les épreuves d'entrée dans l'Ordre de Muldö sont un secret absolu, ainsi que leur nombre effectif que l'on estime entre cent et trois cent. Les chevaliers sont aisément reconnaissables à leur cotte de mailles noire couverte de plaques d'argent, mais surtout à l'anneau qu'ils portent au nez et à la taille de leur cheveux : un bol strict auquel s'ajoute une longue natte pour les femmes.

Extrait de La Chevalerie Oneirienne, par Ellkun'Jeol.

La Guilde des Assassins et les Faiseurs de Mort


'il est une guilde dont on sait peu de choses, c'est bien la Guilde des Assassins. Personne n'en connaît de membre et pourtant, tous les riches comploteurs d'Oneira savent où la trouver. La réputation de cette Guilde n'est plus à faire : experts en meurtres en tout genre, moyennant une somme généralement très conséquente, les assassins acceptent tous types de contrats concernant tous types de personnages et émanant de n'importe quel commanditaire.
De l'organisation interne de la Guilde, seules quelques bribes sont connues, essentiellement par le biais du célèbre ouvrage Le dernier Mot qui révèle, par exemple, la hiérarchie stricte qui lie tous les membres de la Guilde (avec, au plus haut de l'échelle, les fameux "Faiseurs de Mort"), le culte du secret omniprésent, et surtout l'importance du "Code", un petit livre que l'on peut consulter dans la plupart des grandes bibliothèque. Ce Code de la Guilde des Assassins indique notamment que "un assassin jamais ne devra voler sa victime" Ou encore :
"Si un contrat est signé, il existe trois manières de s'en défaire :
A l'initiative des deux parties, il faut exécuter le contrat.
A l'initiative de l'assassin : il doit mourir.
A l'initiative du contractant : il doit payer la somme normalement due pour l'exécution du contrat et renoncer à tout futur contrat.
"
Ou enfin cette dernière règle : "Nul autre que l'objet du contrat de disparaîtra par ta main".
Il existe ainsi une centaine de règles qu'un assassin ne doit en aucun cas violer. Si un assassin ne respecte pas le code, tous ses confrères "ont le droit, pour ne pas dire le devoir, de tuer le contrevenant, car le Code est ce qui sépare l'assassin du meurtrier, l'homme de l'animal".
Les Faiseurs de Mort sont des assassins, parvenus au stade le plus élevé de la Guilde. Les légendes à leur sujet sont nombreuses et il est de notoriété publique que des récits sur leur compte, un tiers est faux, un tiers est en deçà de la vérité, et un dernier tiers, fidèle à la réalité, n'est connu que des assassins eux-mêmes.
Faire appel à un Faiseur de Mort, expert dans son domaine, s'avère aussi efficace que cher, car ils sont réputés parfaitement infaillibles. Chaque Faiseur de Mort possède une signature identifiable, afin chacun de leurs crimes puisse clairement leur être imputé. Ainsi, l'on sait qu'en Ar'Nok et en Ar'Thard, entre 945 et 946, vingt sept crimes ont été commis par un assassin surnommé "le Vif-Coeur", du nom du poison qui lui servait de signature.
Les Faiseurs de Mort sont également considérés comme les gardiens du "Code" qui sert de référence à la Guilde. Si au cours de l'histoire de la Guilde, certains dirigeants ont été tentés de s'en écarter, il n'ont jamais vécu assez longtemps pour rééditer ce petit livre.
Un grand mystère plane depuis toujours autour de la Guilde des Assassins et, plus encore, autour des Faiseurs de Mort. En ce qui concerne le nom du chef de la Guilde, ou encore sa localisation, il faut avoir atteint un niveau conséquent dans la hiérarchie pour espérer obtenir ne serait-ce que quelques bribes d'informations. Une seule personne qui n'ait été membre de la Guilde des Assassins fut autorisée à en approcher. Il s'agit de Kitor-Alvö qui pénétra la Guilde et fit preuve de suffisamment d'aplomb pour obtenir de certains assassins qu'il publie certaines de ses observations dans le célèbre Le dernier Mot. Kitor-Alvö a cependant disparu au cours de l'année 951, peu avant la parution de son livre dont voici un extrait :
"- En fait, je ne suis pas un vulgaire assassin que l'on paye quelques piécettes pour bâcler un crime quelconque et sans importance. Je suis un Faiseur de Mort.
L'assemblée retint son souffle à ces mots. Un Faiseur de Mort... Tout le monde a entendu parler de ces histoires dans lesquelles un homme seul arrive à déjouer les défenses de tout un palais, à tuer son roi et à repartir sans jamais avoir été entraperçu. De notoriété publique, quelqu'un qui signe un contrat avec un Faiseur de Mort a tué sa victime bien plus sûrement qu'en lui enfonçant un poignard dans le ventre.
La Guilde des Assassins possède un code de l'honneur particulier, et les Faiseurs de Mort en sont les gardiens. Quand un contrat est signé, les termes doivent en être respectés, ni plus, ni moins. La cible doit mourir, et le paiement être fait en temps et en heure. Aucune victime collatérale, aucun vol chez la cible, et une signature identifiable. Une fois le contrat signé, l'assassin ne peut se dérober sans y laisser sa vie. Et le contractant ne peut l'annuler qu'en payant l'intégralité de ce qui était promis, et en renonçant à tout jamais à signer un autre contrat. Il existe une frontière intangible entre avant la signature et après. Avant, l'assassin est libre, il peut poser autant de question qu'il le souhaite, négocier, aller se vendre au plus offrant, ou au plus noble, ou au plus influent. Mais une fois le contrat signé, il ne s'agit plus que de tuer. On ne négocie pas avec un assassin qui a signé un contrat. Car pour l'assassin même, s'il faillit, c'est s'attirer l'opprobre de ces congénères. Ceux-là sont marqués du signe du traître et un contrat universel est posé sur leur tête. N'importe quel assassin a le droit, pour ne pas dire le devoir, de le tuer et ainsi, la plupart du temps, de gagner un statut supérieur de la Guilde.
- Vous m'avez fait mander, qui désirez-vous voir disparaître ?
- Dar.
- Dar ? Voila qui est original.
- L'argent n'est pas un problème.
Le Faiseur de mort resta silencieux un moment, évaluant la situation, jaugeant son interlocuteur, parcourant des yeux son auditoire. Puis, après une minute qui en avait paru vingt :
- Savez vous comment j'ai fait pour devenir un Faiseur de Mort et pas un assassin mort ?
- En assassinant un tas de gens dans leur sommeil plutôt qu'en face ?
- J'en ai tué de face, et de dos. Avec du poison, avec des armes, avec des mots. Non, si je vis encore, c'est que j'ai toujours eu la sagesse de traiter avec des gens suffisamment malins pour survivre et me payer. Tuer Dar... Vous savez, en fait, je crois que vous êtes déjà mort.
- Alors votre réputation est usurpée ? Vous auriez peur ?
- Non. Mais sans aller jusqu'à trahir un confrère, je ne suis pas le seul Faiseur de Mort dans cette salle. Et au vu de la teneur du contrat que vous me proposez... Je crois que je prends peu de risques si j'affirme savoir qui l'a envoyé, et pourquoi. Avez vous bu du vin récemment ?
- Quoi ? Que... je...
Et l'homme s'effondra.
- J'adore ce poison. Il se distille dans le sang et provoque une mort instantanée au premier stress cardiaque. Je ne connais qu'un seul assassin qui l'utilise systématiquement, quelle admirable signature. Je te salue ! Et passe mes amitiés à Dar.
Et l'assassin reparti, sans un mot de plus, laissant derrière lui une assemblée médusée, un mort, et un confrère ravi.
"
Extrait de Parole d'Assassin, par Lageran

L'Ordre des Ménestrels de l'Etoile Rousse


Bâton tatoué d'un ménestrel de l'Etoile Rousse, par jiseo.
ui n'a jamais apprécié lors une soirée d'hiver au coin d'un feu de taverne de se laisser conter les fabuleux récits des Ménestrels de l'Etoile Rousse ? Qui ne s'est jamais retourné, admiratif, au passage d'un de ces hommes et femmes aux bâtons tatoués ? En effet, nul Oneirien un tant soit peu curieux ne peut ignorer l'existence de cet Ordre qui parcourt notre monde en tous sens depuis déjà plus de trois siècles.
C'est à cette époque, dans les plaines du Daafeld, qu'un couple assez improbable fonde cette institution, dédiée à la réunion de leurs deux vocations. Lui, Egill Vifargent, barde de son état et passionné de littérature ancienne. Elle, Soria Tellu, herboriste et apothicaire itinérante. Ils se fixent comme mission, à eux-mêmes ainsi qu'à ceux qui les rejoignent et leurs succèderont, d'être la mémoire vivante d'Oneira. Férus d'études et de voyages, ils recensent flore et faune oneiriennes, s'intéressant plus particulièrement à l'étude de leurs propriétés magiques et curatives, mais aussi aux légendes et traditions orales, ou encore établissent des cartes des ruines des Bâtisseurs. Grands érudits, il compilent leur savoir par écrit, le tout étant conservé dans les archives de l'Académie de l'Etoile Rousse, à Meialy.
Le voyage étant indissociable de leur profession, les Ménestrels de l'Etoile Rousse sont amenés à prendre la route, si ce n'est toute leur vie, au moins une partie. Afin de pourvoir à leurs besoins durant leurs pérégrinations, ils gagnent leur vie en perpétuant et en alliant les professions de leurs père et mère fondateurs ; une vision simpliste et pourtant exacte serait de les définir comme des médecins-ménestrels spécialisés dans les simples et passionnés d'histoire.
Néanmoins, lorsqu'un ménestrel n'est pas sur la route, temporairement ou sur la durée, par choix ou par défaut, il existe un endroit où il pourra tout de même poursuivre sa tâche et remplir ses devoirs, l'Académie de Meialy. Sorte de quartier général de l'Ordre, l'Académie n'est initialement qu'un modeste manoir adjoint d'importantes écuries, et d'un grand jardin (potager, verger, herbes médicinales...). Au fil du temps, les chefs successifs de l'Ordre y ajoutèrent des bâtiments annexes, jusqu'à créer le formidable complexe que nous connaissons aujourd'hui. L'ensemble comprend des édifices remarquables tels que le scriptorium, une bibliothèque-musée, ou encore un centre de soin et de recherche sur les maux et maladies. Connue pour son hospitalité, l'Académie attire de tous les coins d'Oneira.
Outre ce centre, dans la plupart des pays de notre monde on trouve des Auberges-Rousses, tenues par des ménestrels, et points de ralliement de ceux-ci. On y déniche informations sur des quêtes à accomplir, remèdes contre l'urticaire printanière, ou encore des recueils d'histoires locales (liste non exhaustive !). Particulièrement utiles aux membres itinérants, elles leurs permettent de laisser des messages à des confrères, de s'y donner rendez-vous, ou d'être au courant des dernières trouvailles de l'Ordre. L'installation d'une de ces auberges dans un village est souvent vue comme gage de bon augure, d'une part économiquement, pour l'attrait qu'elles exercent sur les voyageurs, d'une autre part culturellement, puisque cela signifie que les ménestrels vont s'intéresser à la région en question.
Entrer dans cette confrérie ne requiert pas un âge, un niveau social ou l'appartenance à un quelconque peuple ; les croyances y sont diverses et est respectée une certaine liberté. Des candidats se présentent à toute heure du jour ou de la nuit, quelle que soit la saison ; selon les connaissances déjà acquises, ou l'absence de celles-ci, le futur ménestrel se verra confier certaines tâches pour se rendre utile à la communauté. En retour, celle-ci l'accepte, ou pas, en lui dispensant le savoir nécessaire à passer la cérémonie d'intronisation annuelle. Parmi ce qu'il faut savoir, on peut citer la maîtrise de l'Oneirien, de sa lecture et de son écriture, la composition d'un répertoire personnel de chanson, ou encore les bases en botanique. C'est durant cette cérémonie qu'est remis au nouveau ménestrel son bâton tatoué, alors encore vierge, qu'il gardera toute sa vie, comme témoin de ses accomplissements. En effet, à l'aide des runes ésotériques qu'il apprend durant sa formation, le ménestrel consigne son existence sur ledit bâton. Devenu leur signe distinctif, les bâtons tatoués sont connus et reconnus de la plupart des Oneiriens. A sa mort, le bâton est renvoyé à l'Académie où il sera conservé avec ceux de ses confrères et consoeurs décédés avant lui.

Extrait de Histoire des Bardes et de la Barderie, par Lirron'Tel